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Que pensez-vous de l’idée de ­Leibniz selon laquelle nous vivons dans le meilleur des mondes possibles ?
Je n’y pense pas. La vie est déjà assez difficile comme ça.

Diriez-vous de vous-même que vous êtes un pessimiste ?
Dans mes bons jours, oui.

On définit souvent le pessimisme comme l’idée qu’il est préférable de ne pas exister que d’exister. Cette définition vous convient-elle ?
Pour moi, c’est une blague qui rend le mieux compte du pessimisme : « Je vois le verre à moitié plein, mais de poison. » Plus sérieusement, je ne conçois pas le pessimisme en termes de définitions, de doctrines, d’école de pensée ni même de philosophie viable. C’est un mode de pensée traversé par l’incertitude et par le doute, un sentiment de distanciation, ou, si l’on préfère, cette impression de ne pas saisir ce que tout le monde a l’air de saisir, de questionner les choses à un niveau fondamental dont personne ne veut entendre parler… Et oui, souvent, ce pessimisme-là s’accompagne de sombres ruminations sur la souffrance et la fragilité de la condition humaine. À mon sens, c’est ce moment où la pensée atteint ses limites, où la pensée de l’inutilité des choses devient inutilité de la pensée elle-même, où l’idée même d’humanité ­relève de l’hubris. Je suppose que je viens de définir le pessimisme malgré moi. Mais, comme vous pouvez le voir, cela ne nous avance guère. Cela n’a pas vraiment d’incidence pratique. Surtout pour les philosophes dits pessimistes qui le font.

Dans votre dernier livre, Infinite Resignation, vous notez : « Le pessimisme est une position philosophiquement intenable. » Or vous êtes philosophe et pessimiste. N’y a-t-il pas là une contradiction ? Comment lier pessimisme et philosophie ?
En un sens, c’est ce qu’est le pessimisme – la position philosophique de la position philosophiquement intenable. J’ai conscience que cela peut sembler simpliste, mais c’est là précisément que la philosophie devient intéressante pour moi. Le pessimisme m’intéresse parce qu’il met à l’épreuve l’esbroufe des jeux logiques de la philosophie et son rêve de maîtrise intellectuelle. Comment la philosophie peut-elle prendre la mesure de la vanité de la philosophie elle-même ? Le pessimisme est peut-être moins une philosophie qu’une zone d’ombre qui hante toute la pensée philosophique, si systématique, rigoureuse ou érudite qu’elle prétende être. Ce qui est construit doit aussi pouvoir se désintégrer.

Le pessimisme serait donc une manifestation de lucidité ? Une forme de radicalité ?
Les philosophes dits pessimistes peuvent faire preuve de lucidité – mais seulement dans leurs moments de confusion, de désorientation, de perplexité maximales. Est-ce de la radicalité ? Ce mot m’évoque un manifestant brandissant une pancarte : « La fin est proche » tandis qu’un autre tient une pancarte : « Cela ne finira donc jamais ? »
Vous écrivez dans votre livre : « Les philosophies de l’émerveillement étreignent le monde ; les philosophies du désespoir s’en méfient. » Comment décririez-vous la ­relation entre pessimisme et scepticisme ?
Pessimisme et scepticisme ont en commun l’incrédulité – une incrédulité envers ce qui est donné, une incrédulité à l’égard ce qui passe pour normal, une incrédulité envers toute la pantomime existentielle qui consiste à « faire semblant que c’est pour de vrai ».
En présentant des problèmes sans solution, en posant des questions sans réponse, en se repliant sur l’hermétisme, caverneuse demeure de la plainte, le ­pessimisme est coupable du plus inexcusable des crimes pour l’Occident – le crime de ne pas prétendre que tout cela a lieu pour une raison. Il ne respecte pas le principe le plus fondamental de la philosophie – le « comme si ». Penser comme si cela allait être utile, agir comme si cela allait changer quelque chose, parler comme s’il y avait quelque chose à dire, vivre comme si on n’était pas, en fait, habité par une non-entité murmurante depuis l’ombre et la boue.

N’y a-t-il pas une certaine lâcheté dans le pessimisme, dans le sens où le pessimiste redoute tellement d’être déçu par le monde, par la vie, qu’il refuse de s’exposer, de prendre le risque de la déception ou de l’échec, et préfère se réfugier dans une ­attitude ­grinçante et défaitiste ?
Si se sentir fondamentalement étranger à un monde débordant de souffrance, de conflits et de déceptions est une forme de lâcheté, alors oui : le pessimisme est une façon de se recroqueviller, de se mettre à l’abri de la stupidité foncière de la souffrance et de l’inanité d’un monde agressif façonné à notre image solipsiste.
Mais qu’a-t-on à perdre à être optimiste plutôt que pessimiste ? Au pire, de déception en désillusion, on devient pessimiste…
Eh bien, on a tout à perdre et on ­finira par tout perdre. Ce que je veux bien vous accorder, c’est que le pessimisme peut aisé­ment se muer en optimisme, et inver­sement. Parfois, le pessimiste le plus intransigeant est en fait un optimiste à court d’options. Parfois, l’optimiste le plus ardent est en fait un pessimiste arrivé à l’autre bout du tunnel. Par ailleurs, au ­niveau de la cohérence logique, l’optimisme finit incontestablement par l’emporter, puisque même le pessimiste le plus endurci doit, à tout le moins, affirmer le pessimisme lui-même. Je suis pessimiste sur tout – sauf sur le pessimisme.

Le pessimisme n’interdit-il pas toute action puisque, de son point de vue, toute action est vaine ?
Il y a ici une contradiction irrévocable. On est misanthrope, mais on tient la porte aux autres, on dit « s’il vous plaît » et « merci », on essaie de ne pas exprimer à voix haute ce qu’on pense. On soutient une cause sans y croire. Il faut distinguer la réalité conventionnelle de la réalité abso­lue. Il y a le monde pour nous, fait à notre image solipsiste, et il y a le monde sans nous, indifférent à nos pauvres ­petites peurs et nos pauvres petits désirs – la planète qui continue lentement de tourner. Il y a cette pandémie du syndrome de l’imposteur, de ce besoin d’attention doublé d’un déficit de l’attention qu’on appelle l’humanité, et la planète qui continue lentement de tourner. Il y a le mélodrame microscopique des réseaux sociaux avec son carnaval délirant de suffisance humaine, et la planète qui continue lentement de tourner.
Cela a de l’importance. Et, en même temps, cela n’en a aucune. La philosophie occupe l’espace entre ces deux affirmations. Sans compter que ne rien faire est beaucoup plus difficile qu’on le pense.

Le suicide n’est-il pas la seule action logique que puisse accomplir un pessimiste ?
Le suicide, c’est de l’optimisme. C’est trop volontariste. Jean Améry dit du suicide qu’il est « le refus de la logique de la vie », ce qui aboutit à un paradoxe terrifiant : je meurs, donc je suis. Mais Améry s’est montré extrêmement consciencieux dans son suicide1. Il faut beaucoup planifier, mettre de l’ordre dans ses affaires, etc. C’est fatigant de penser à tout cela. En un sens, pour beaucoup des auteurs que j’évoque, un livre est comme une longue lettre de suicide. J’ai lu récemment Paradis, clef en main, de Nelly Arcan : on y trouve une phrase formidable sur l’écriture qui prend la place de la mort à venir2. Et puis il y a Cioran : « Sans l’idée du suicide, je me serais tué depuis toujours.  »3

Dans votre livre, vous citez un certain nombre de penseurs pessimistes : Schopen­hauer, Kierkegaard, Dostoïevski, Pascal, Chamfort, Cioran, Nietzsche… L’un de leurs points communs est qu’ils s’expriment en général en recourant à la forme courte de la maxime, de l’aphorisme, du journal ou du fragment. C’est ce que vous faites vous-même dans Infinite Resignation. Comment expliquez-vous cette relation entre pessimisme et forme courte ?
Un système philosophique est très exigeant : il suppose une hiérarchie de parties s’inscrivant dans un tout, un argument menant au suivant, la construction d’une étincelante cathédrale de la raison qui vous engloutit dans son ombre. Sans être moins rigoureuse, la forme courte est plus attentive à l’humilité de la philosophie.
Prenons l’exemple de l’aphorisme. Il prétend exprimer, sinon une vérité, du moins quelque chose de signifiant. Contrairement à l’axiome, il n’a aucun goût pour les vérités qui vont de soi. Il n’a pas non plus la rigueur logique du théorème. Il lui manque même l’ingénuité de l’épigramme. Que fait donc l’aphorisme ? Le mot vient du grec aphorizein, qui signifie « délimiter », « marquer une séparation », « distinguer ». Nul doute que les pessimistes ont une prédilection pour l’aphorisme pour cette raison. C’est le rêve d’une négation se suffisant à elle-même, d’une accalmie dans l’abîme, la quiétude d’un murmure à peine audible. C’est aussi un rêve décevant, car l’aphorisme est également aphorismus – concis, résumé, défi­nitif. Le rêve d’exprimer quelque chose qui se dissoudrait – ou s’absoudrait – soi-même, avec toute l’aisance de l’abandon.

Autre particularité : parmi les penseurs pessimistes que vous mentionnez, beaucoup sont de grands écrivains. Est-ce une coïncidence ? Ne pensez-vous pas que les penseurs pessimistes ont une certaine tendance à se réfugier dans le style, l’art pour l’art, l’esthétisme ?
Écrire, c’est effectivement se réfugier dans le style. Un philosophe qui croit vraiment à la clarté et à la limpidité ­innées du langage devrait se consacrer à autre chose qu’à la philosophie.

Dans la seconde partie de votre livre, vous présentez toute une série de penseurs pessimistes. Ce qui est frappant dans cette liste, c’est qu’il s’agit en grande majorité de Français et d’Allemands. En tout cas, tous sont des penseurs d’Europe continentale. Il n’y a pas un seul anglophone. Pourquoi le pessimisme est-il plutôt l’affaire de penseurs continentaux ?
Je ne vois pas l’intérêt de faire des généralisations sur l’identité nationale, comme s’il y avait une façon « française » ou « allemande » de penser. De plus, si l’on considère mon livre dans son ensemble, on y trouve des auteurs issus d’un large éventail de cultures – celles du Brésil, de la Chine, de la République tchèque, du Danemark, de l’Italie, du Japon, du ­Portugal, de la Russie, de la Corée du Sud, de l’Espagne, du Royaume-Uni, etc. Je reconnais, cela dit, que je suis attiré par les auteurs qui répudient leur culture.

Néanmoins, parmi ces penseurs pessimistes, je serais tenté de distinguer deux groupes : les pessimistes un peu plus « joyeux », comme Montaigne, et les pessimistes franchement sinistres, comme Schopenhauer et surtout Mainländer. Il me semble que les Français se rangent plutôt dans la première catégorie et les Allemands dans la seconde. Vous n’êtes pas d’accord avec cette ­distinction ?
Pas du tout. Les écrits de Montaigne sur la dépression, la solitude et le scepticisme sont assez sombres. Tout comme ce qu’écrit Pascal dans ses moments de doute religieux intense. Il en va de même des moralistes français, Chamfort en particulier. Et sous les satires enjouées de Voltaire se cache une dérangeante mise en cause de l’orgueil de l’humanisme. N’oublions pas, enfin, que c’est cette tradition qui a débouché sur les violentes mises en accusation de Baudelaire, de Lautréamont, de Huysmans, sur les écrivains fin de siècle… et sur Houellebecq.
Pour beaucoup des penseurs pessimistes évoqués dans votre livre, le salut vient de la religion (je pense à Pascal, à Dostoïevski, à Kierkegaard, à Huysmans). Est-ce un signe de faiblesse, d’incohérence ? Comment peut-on être pessimiste et avoir la foi ?
D’une certaine manière, la misanthropie et le mysticisme sont les deux faces d’une même pièce. Peut-être que le mystique commence là où le pessimiste s’arrête. Peut-être que le pessimiste est un mystique pragmatique.

Vous consacrez plus de pages à Schopenhauer qu’à tout autre penseur. Qu’est-ce qui fait de lui, selon vous, le saint patron des pessimistes ?
Le fait qu’il ne se soit jamais perçu comme un « pessimiste ». Il a toujours considéré que ce qu’il faisait était de la philosophie – un point c’est tout. Il a également été l’un des premiers penseurs occidentaux à tirer sérieusement des enseignements des philosophies ­indiennes classique et bouddhiste. La souffrance constitue son point de départ. Il développe ensuite une philosophie de la « mauvaise attitude », une métaphysique du rapport grincheux au monde, mais aborde aussi ce monde d’un point de vue cosmique… Schopenhauer est un kantien dépressif.

Comment l’Américain que vous êtes peut-il être pessimiste ? N’est-ce pas épouvantable pour vous de vivre dans le pays de ­l’optimisme ?
Je ne me suis jamais défini comme américain et je ne m’identifie pas à la culture américaine. Mais c’est sans doute très américain de dire cela. Je ne sais pas quoi penser de cette société tapageuse, écœurante, fâcheuse et régressive qu’est l’« Amérique ». C’est à la fois l’empire de l’optimisme et celui du pessimisme. Certes, peut-être faut-il y voir les symptômes d’un empire en ruine. Mais il s’agit d’un processus lent ; les ruines ne surviennent pas du jour au lendemain. Cela prend du temps, le déclin est un travail de patience.

Pour finir, je ne peux m’empêcher de vous demander : comment vous sentez-vous ­aujourd’hui ?
Mieux, maintenant que j’ai fini cet entretien. 

— Propos recueillis par Baptiste Touverey

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En 2018, à tout juste 30 ans, Akwaeke ­Emezi a fait une entrée remarquée en littérature avec son premier roman, Eau douce (Gallimard, 2020). Le magazine littéraire sud-africain ­Johannesburg Review of Books a célébré dans ce récit fortement autobiographique « l’une des œuvres de ­fiction les plus passionnantes de la décennie ».

« Avec sa prose incantatoire, Eau douce oblige les lecteurs à sortir des schémas binaires corps-­esprit, homme-femme, psychotique-sain d’esprit, écrit le critique Ron Charles dans The Washington Post. Le roman traite des expériences éprouvantes d’une jeune femme nigé­riane qui abrite plusieurs moi ­distincts. »

Un peu comme Emezi, qui a grandi au Nigeria et vit aux États-Unis, et se définit comme une personne « noire, trans et non binaire », c’est-à-dire qui ne s’identifie ni comme homme ni comme femme. La fluidité de genre est aussi ce qui caractérise Vivek, le jeune protagoniste de son nouveau roman, The Death of Vivek Oji, qui s’est propulsé dans la liste des best-sellers de The New York Times.

Emezi situe son récit dans le ­Nigeria de son enfance, celui des années 1980, et fait mourir Vivek d’entrée de jeu. Mais ce qui l’intéresse ici c’est moins d’enquêter sur les circonstances de sa mort que sur son existence, note la critique Ilana Masad dans le quotidien Los Angeles Times. Les amis et les membres de la famille livrent chacun à leur tour des bribes d’information, entrecoupées par le témoignage d’outre-tombe de Vivek : « Je ne suis pas ce que tout le monde pense que je suis, dit le mort. Je n’avais pas les mots pour dire ce qui n’allait pas, pour rectifier les choses que j’estimais devoir rectifier. Et au quotidien, c’était dur de savoir que les gens me voyaient d’une certaine façon, qu’ils se méprenaient sur mon compte, que mon vrai moi leur était invisible. Qu’il n’existait même pas pour eux. »

Assez tôt dans le roman, on ­apprend que Vivek est né le jour où sa grand-mère est morte et qu’il a au pied une marque identique à celle qu’avait son aïeule. Un signe prémonitoire que les ­parents du jeune homme refusent de voir. « La vérité est trop ­effrayante pour eux », observe Ron Charles. « Car le Nigeria est un pays terriblement homo­phobe et transphobe. Les personnes qui ne se conforment pas aux rôles sexuels traditionnels sont humiliées, arrêtées, ­assassinées. Les parents de Vivek peuvent le protéger jusqu’à un certain point, mais les voisins cancanent. Et sa tante, qui se cramponne à sa foi “avec une sorte d’amertume tenace”, soumet Vivek à un exorcisme particulièrement brutal dans son église. Mais le problème n’est pas tant l’intolérance que l’ignorance qui ne donne à Vivek aucun moyen de savoir s’il est malade ou si c’est simplement sa vie. »

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Qui aurait parié sur le succès d’un livre dont le sujet est le livre ? Et pourtant, El infinito en un junco en est à sa seizième réimpression depuis sa parution en septembre 2019, il accumule les récompenses et est cours de traduction dans une vingtaine de langues – il paraîtra en français, aux Belles Lettres, à l’automne 2021. Son auteure, la romancière et spécialiste de lettres classiques Irene Vallejo, y retrace l’histoire de cette extraordinaire invention dont certains prédisent la disparition à brève échéance.

Pourquoi un tel engouement ? En partie parce que l’auteure ne se contente pas de remonter aux origines du livre et de faire ­l’historique de ses transformations successives au cours de près de trente siècles, du volumen au codex, de l’incunable jusqu’au produit industriel que nous connaissons aujourd’hui. « Irene Vallejo a eu la bonne idée de s’affranchir de la prose universitaire pour adopter le style d’un conteur qui conçoit l’histoire non pas comme une succession de références à des ­documents mais comme une fable », note dans le quotidien El País l’écrivain argentin Alberto Manguel, lui-même auteur d’Une histoire de la lecture (Actes Sud, 2000).

L’auteure confie d’ailleurs au quotidien El Mundo avoir cherché à donner à son essai une structure semblable à celle des Mille et Une Nuits. ­Shéhérazade moderne, elle égrène les ­récits épiques mettant en scène les héros de l’histoire du livre. En commençant par Démétrios de Phalère, qu’elle présente comme le tout premier bibliothécaire. Né vers 360 avant notre ère, cet homme d’État athénien contribua à fonder la célèbre bibliothèque d’Alexandrie, qui aurait abrité près de 700 000 volumes. « Peu d’écrivains aujourd’hui sauraient raconter aussi bien qu’Irene Vallejo comment des émissaires du roi d’Égypte Ptolémée II ­arpentèrent le monde à cheval à la recherche d’ouvrages à ajouter à la bibliothèque d’Alexandrie, estime le poète Luis Alberto de Cuenca dans le quotidien ABC. C’est aussi un récit d’aventures. L’auteure nous emmène sur les champs de bataille d’Alexandre le Grand et dans la villa des Papyrus d’Herculanum, ensevelie par l’éruption du Vésuve, dans les palais de Cléopâtre et sur le lieu de l’assassinat d’Hypatie, dans les toutes premières librairies, dans les ateliers des copistes et devant les bûchers où flambaient les ­codex interdits. »
Un tel phénomène éditorial invite à se déprendre du pessimisme qui plane sur l’avenir du livre. Visiblement, l’être humain n’aime rien tant que lire des histoires – sur papyrus, sur papier ou sur écran. 

[post_title] => Il était une fois le livre [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => il-etait-une-fois-le-livre [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2021-05-07 10:17:19 [post_modified_gmt] => 2021-05-07 10:17:19 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=101157 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Kjell Westö, qui appartient à la minorité suédophone de Finlande, a déjà séduit de nombreux lecteurs nordiques avec ses romans situés dans sa ville natale, Helsinki, parmi lesquels Un Mirage finlandais (Autrement, 2016) et Les Sept livres de Helsingfors (Gaïa, 2008).

Dans Tritonus, il crée un archi­pel fictif, habité par un chef d’orchestre de renommée inter­nationale sur le déclin. Dans son luxueux bunker, « Casa Tritonus », le vaniteux Thomas Brander se sent bien seul : il s’est fait quitter par une jeune violoniste et évincer d’un poste à Stockholm à cause d’une plainte un peu vague mais fatale à l’heure du mouvement #MeToo. Cette atmosphère mélancolique est bientôt rompue par un voisin impulsif, veuf depuis peu, piètre musicien mais organisateur hors pair, impliqué dans la vie locale – en somme, tout le contraire du protagoniste.

En Finlande comme en Suède, l’accueil est enthousiaste : « Westö réussit joliment à décrire la crise du quinquagénaire occidental et son angoisse de ne plus être à l’apogée de sa vie », note le journal finlandais suédophone Hufvudstadsbladet. Le quotidien suédois Svenska Dagbladet apprécie, lui, « une ­réflexion stimulante sur la rançon du succès doublée d’un hymne à la musique ». 

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Au printemps, durant le confinement, les mineurs du bassin houiller d’Ostrava-Karvina, en Silésie tchèque, ont continué à descendre dans les galeries. Une fois de plus, ils « ont été traités comme des citoyens de seconde zone », s’est insurgée la romancière Karin Lednická, elle-même originaire de la région, sur la chaîne d’information en continu CNN Prima News. Qui a entendu parler des catastrophes minières qui ont endeuillé les familles des décennies durant, ou du conflit meurtrier de 1918 entre la ­Pologne et la Tchécoslovaquie, qui revendiquaient toutes deux la région ?

Dans Šikmý kostel, un succès de librairie depuis des mois, ­Lednická met fin à l’oubli. ­Située entre 1894 et 1921, sa saga campe notamment des femmes malmenées par l’histoire mais dotées d’un courage hors norme. Des personnages attachants, juge la critique : « Nous partageons avec eux le mauvais pain des temps de guerre, nous allons boire une bière dans les cafés d’Ostrava. […] L’auteure écrit de façon si authentique sur l’époque qu’à la fin nous avons envie d’essuyer la sueur noire de notre front […] et d’applaudir », s’enthousiasme le quotidien Právo. En attendant le deuxième volet de la trilogie promise. 

[post_title] => Coups de grisou [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => coups-de-grisou [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2021-05-07 10:13:36 [post_modified_gmt] => 2021-05-07 10:13:36 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=101139 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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La liste des best-sellers de l’hebdomadaire Der ­Spiegel est un fidèle reflet du succès des livres en Allemagne. Y figurer est une gloire, y occuper la première place un triomphe. Pourtant, en cette rentrée, le palmarès se teinte de nuances crépusculaires. La mélancolie et la noirceur y affleurent, mais aussi l’humour, qui répond à un besoin de consolation, à une nécessité d’apprivoiser une situation angoissante. Les neuf nouvelles qui composent le recueil Abschiedsfarben, de Bernhard Schlink, sont autant de variations sur le thème de l’adieu, adieu à des êtres chers, à des étapes de la vie, à des espoirs et à des craintes.

Et, bien sûr, en cette période de crise sanitaire, le Covid-19 contamine les imaginaires. Dans le nouveau volet de sa série humoristique publiée sous le nom de Renate Bergmann, le personnage de mamie internaute qu’il a créé sur Twitter, Torsten ­Rohde met en scène la vieille dame confinée chez elle pour cause de pandémie. Ce best-seller guilleret s’efforce d’insuffler de la légè­reté dans un contexte anxiogène. Après tout, elle en a vu d’autres, cette « femme des décombres » qui, après guerre, avait déblayé les gravats à Berlin.

Dans Rotkäppchen raucht auf dem Balkon, l’écrivain d’origine russe Vladimir Kaminer, longtemps une des icônes de la scène alternative berlinoise, évoque avec ­humour une jeunesse qui reste cloîtrée chez elle, mais pour d’autres raisons : pour « se chercher, entre le frigo et l’ordi ». Les échos extérieurs seraient-ils trop effrayants ? C’est ce que suggèrent les quatre récits qui composent le nouveau recueil de Stephen King : le roi de l’horreur y raconte, entre autres, une tuerie à l’explosif dans une école de Pittsburgh.

Face au cauchemar, peut-on résister ? Le thème fait toujours écho outre-Rhin. Dans Je reste ici, le romancier italien Marco ­Balzano relate le combat de Trina, une institutrice d’un village du Haut-Adige confrontée à l’italianisation forcée de sa région, rattachée à l’Italie après la Première Guerre mondiale. Comme l’indique le titre, l’héroïne refuse de fuir mais enseigne clandestinement l’allemand aux enfants du bourg.
Au miroir des livres, l’Allemagne semble donc hésiter entre adieux résignés et obstination. La claustration menace ; la mort flotte. Dans Der letzte Satz, en tête des ventes, l’Autrichien Robert ­Seethaler raconte bien un voyage, mais il s’agit de la dernière traversée de Mahler en bateau.

Olivier Mannoni est traducteur d’allemand et directeur de l’École de traduction littéraire. Il est l’auteur de Günter Grass. L’honneur d’un homme (Bayard, 2000).

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En Italie, Maria ­Montessori est la seule femme qui ait eu l’honneur de figurer sur un billet de banque : en 1990, son effigie a remplacé celle de Giuseppe Verdi sur les petites coupures de 1 000 lires en circulation jusqu’à l’introduction de l’euro. C’est dire la place familière qu’occupe dans la mémoire collective cette vieille dame aux allures d’institutrice bienveillante, icône d’une révolution universelle de la pédagogie. Pourtant, observe l’historienne Giulia Galeotti dans le quotidien du Vatican L’Osservatore romano, la plupart des Italiens ignorent le véritable sens de l’adjectif « montessorien » : « Quand il ne sert pas de slogan marketing pour vendre des produits ou des services à l’enfance, il est synonyme d’anarchie. »

C’est que, en Italie, peu de livres avaient jusqu’à présent fait sortir Maria Montessori d’un strict cercle d’initiés ou d’universitaires. Publiée à l’occasion des 150 ans de la naissance de l’éminente pédagogue (1870-1952), la biographie que signe la journaliste Cristina De Stefano offre au grand public l’occasion de découvrir à la fois son travail scientifique et sa vie privée. Car « derrière le nom de Maria Montessori se cache une pensée révolutionnaire souvent mal comprise, une vie absolument romanesque, une personnalité contradictoire et tenace croyant dur comme fer à la justesse de ses idées », écrit la romancière Sandra Petrignani dans le quotidien Il Foglio.

S’attaquer à un tel monument relevait de la gageure, mais l’auteure s’est fait une spécialité de brosser le portrait de femmes exceptionnelles : on lui doit des biographies remarquées de l’écrivaine Cristina Campo et de la journaliste Oriana Fallaci. Dans le quotidien La ­Repubblica, la romancière Viola Ardone salue l’« impressionnant travail de documentation » et l’« habileté » d’une narration « qui nous fait traverser l’Italie du siècle dernier ».

On suit dans Il bambino è il maestro l’étudiante déterminée à devenir médecin alors que les femmes sont quasiment absentes de l’université, la militante féministe contrainte d’abandonner un fils né hors mariage pour pouvoir poursuivre sa carrière, la sympathisante socialiste s’engageant auprès des plus démunis et élaborant une pédagogie qui place l’enfant et ses rythmes d’apprentissage au centre du processus éducatif. Un véritable bouleversement dans l’Italie du début du xxe siècle, où les enfants en difficulté sociale ou cognitive étaient parqués et condamnés au désœuvrement.

En cette période commémorative, c’est presque le portrait d’une sainte laïque qu’esquisse la presse italienne. À quelques sérieuses nuances près. Pour mettre en œuvre son grand ­projet, Maria Montessori dut composer avec les autorités et donc avec Musso­lini, rappelle l’historien Raffaele ­Liucci dans le quotidien Il Sole 24 Ore. Cristina De Stefano n’élude pas ce chapitre peu glorieux. Si l’Œuvre nationale Montessori naquit sous l’égide du Duce, initialement bien disposé à l’égard de la pédagogue, « la résistance des fonctionnaires, les luttes intestines et l’absence de moyens ne firent jamais décol­ler la collaboration entre Maria et le régime, qui se solda au milieu des années 1930 par un échec retentissant », écrit Liucci. Mais, précise-t-il, Montessori « ne fut jamais une antifasciste déclarée. Elle était devenue « un personnage “transversal”, apolitique, pour qui seule sa méthode comptait ».
Célibataire dénuée de toute autre ressource, Maria Montessori transforma son projet pédagogique en source de profit. « Après la phase pionnière, poursuit Liucci, elle devint l’administratrice attentive, parfois dénuée de scrupules, d’une marque à succès, se transformant en une sorte de mère abbesse à la tête d’un groupe de disciples totalement dévoués à sa cause. Centralisatrice, elle voulut toujours contrôler personnellement l’application de ses enseignements, ce qui en ralentit inévitablement la diffusion. »
Cela explique peut-être pourquoi la méthode Montessori, acclamée à l’étranger, est si peu présente dans le système scolaire italien, où elle souffre d’une réputation d’élitisme.

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Sait-on que Donald Trump a menacé de prison, par lettre, ceux qui s’aviseraient d’aller enquêter sur son QI ? Dans un de ses premiers numéros, Books avait posé en couverture la question : « Inter­net rend-il encore plus bête ? » Ce n’était traiter qu’un pan d’une question beaucoup large, celle de savoir si, par hasard, la bêtise ne serait pas en progrès.
L’un des signes les plus troublants reste l’élection de Trump à la présidence de la première puissance mondiale, en 2016. Pendant la campagne, le vice-président Joe Biden avait émis en public l’hypothèse que Trump était « stupide », mais force est de reconnaître que sa « stupi­dité » a rencontré celle d’une bonne moitié des électeurs. Ce en quoi il a manifesté une vive intelligence.

Le problème ici souligné est que le concept d’intelligence recouvre des facultés très diverses, susceptibles de se manifester de manière plus ou moins autonome. Il en va de même de la bêtise, laquelle en bon français, nous dit Littré, doit être distinguée de la sottise, caractérisée par « l’absence de jugement, absence qui ne permet pas au sot de se méfier jamais de ses idées ». Mais le fait de ne pas se méfier de ses idées, qui peut en effet être considéré comme la forme la plus courante de la sottise, n’interdit pas toute faculté de jugement ; la sottise aussi se décline par compartiments. Et la relation entre bêtise et sottise, si par bêtise on entend un faible QI, n’a rien d’évident. Dans un étonnant mémoire sur « l’intelligence des imbéciles », Alfred Binet, le père des tests de QI, remarque : « L’infériorité intellectuelle et ce que nous appelons “l’esprit faux” sont deux états mentaux assez différents : le premier peut se présenter indépendamment du second. » Et réciproquement : un QI même très élevé ne garantit en rien la faculté de bien juger.

D’après de savantes études, on assiste aujour­d’hui à une tendance à la baisse du QI. Là où elle est dûment constatée, la baisse s’est amorcée chez les jeunes nés après 1975. Cela rejoint une autre tendance, celle de la baisse des résultats aux tests Pisa : en 2018, plus de 10 millions d’élèves de 15 ans vivant dans 79 pays à ­revenu élevé ou intermédiaire étaient incapables ­d’accomplir « ne serait-ce que les plus simples des tâches de lecture ».
Si le phénomène est avéré, il reste à en analyser les causes. À coup sûr, la banalisation de l’accès aux réseaux sociaux par les téléphones portables n’arrange rien. Le temps d’attention des « milléniaux » est de neuf secondes, constate Bruno Patino : une seconde de plus que celle du poisson dans son bocal1. Les industriels du captage de l’attention en font leurs choux gras. On sait aussi que le portable stimule la bêtise narcissique, dont témoigne l’effarante épidémie de selfies2. François Mauriac le disait très bien, « il existe une sottise d’époque ». La question reste ouverte de savoir si la bêtise, celle de la « foule immense des imbéciles » (saint Augustin) est une constante ou peut, comme on le subodore, croître ou décroître selon l’époque. Pour revenir à Donald Trump, il est en tout cas indéniable, comme le pensait Raymond Aron, que la sottise est un moteur de l’histoire.

Olivier Postel-Vinay

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Le temps d’attention des « milléniaux » est de neuf secondes.

La bibliothèque d’Alexandrie aurait abrité près de 700 000 volumes.

Il n’y a pas une façon « française » ou « allemande » de penser.

Une appréciation qui n’est pas comprise par un élève ne sert pas à grand-chose.

George W. Bush avait un QI estimé de 120.

L’aide au développement joue un rôle moins important qu’on le pense.

Les Américains d’origine indienne sont très majoritairement issus des hautes castes.

Dans l’Empire mandchou, les Chinois hans étaient des sujets parmi d’autres.

Le tout premier Walkman était conçu comme un jouet destiné aux élèves.

L’intuitionnisme voit dans les mathématiques une pure construction
de l’esprit humain.

Avec le temps, le monde se refroidira et tout mourra, mais c’est dans longtemps.

En 1958, le régime de Mao massacra les yaks des Tibétains.

L’expansion de l’Univers semble ne pas avoir de limite.

Si l’on déroulait tout notre ADN, il s’étendrait sur plus de 16 milliards
de kilomètres.

Le début de l’holocène, notre interglaciaire, fut la période la plus chaude que la Terre ait connue depuis lors.

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Chers lecteurs, chers amis,


Divine surprise ! Alors que la société Books était en liquidation, un candidat à la reprise du titre s’est manifesté : le groupe Actissia.  Books va reparaître, tous les deux mois. Le premier numéro, daté mai-juin 2021, sera livré fin avril. Tous les abonnés au Books ancien doivent en principe le recevoir. Il sera également disponible dans certaines maisons de la presse et librairies. Notre newsletter, consacrée à un livre paru à l’étranger, va également reprendre, deux fois par semaine.

Lorsque j’ai créé Books en 2008, je n’imaginais guère les évolutions qui allaient suivre. À l’époque on ne voyait que les aspects positifs de la révolution Internet. L’idée de lancer un nouveau magazine papier était jugée ringarde par les investisseurs professionnels. Il a fallu le non conformisme de quelques particuliers pour réunir les fonds nécessaires. Ils avaient compris le sens de ma démarche : pour éclairer l’actualité profonde, il fallait sortir des prismes franco-français, ouvrir largement les fenêtres sur le vent du large. Et, en même temps, s’appuyer sur l’objet culturel qui depuis l’Antiquité reste le plus puissant véhicule des idées construites : le livre. Il ne s’agissait pas de lire tous les livres, cela va sans dire, mais de s’appuyer sur des articles de qualité rédigés par des auteurs de livres à propos d’ouvrages sortis récemment - nouveautés, rééditions ou traductions nouvelles.

 Aujourd’hui l’emprise d’Internet n’a cessé de croître. Plus que jamais nous nous retrouvons  submergés par une déferlante d’informations où le vrai, le faux et le douteux se mélangent. Et plus que jamais le besoin se fait sentir de prendre du recul (« mouvement en arrière que fait un corps », nous dit Littré).  Voilà bien ce qu’offre Books, à sa façon décalée. Un magazine papier ! Et qui s’occupe de livres parus ailleurs !

 Books s’inscrit dans un combat, pour l’intelligence et la culture au sens le plus noble du terme. Notre propos est l’actualité à la lumière des livres ; notre mot d’ordre : du bon usage de l’esprit critique.

Olivier Postel-Vinay,
fondateur de Books

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