Aux origines du « grand État » chinois

La Chine conquérante d’aujourd’hui doit beaucoup plus aux Mongols et aux Mandchous qu’aux Hans. Cette thèse d’un éminent sinologue canadien ne peut que déplaire à Pékin.


Qin Shi Huangdi (ici, un portrait du xviie siècle), premier empereur de Chine et fondateur de la dynastie Qin au pouvoir de 221 à 207 avant notre ère. Après avoir conquis les royaumes rivaux, il entreprit d’unifier le pays.

La dégradation des rela­tions qu’entretient la Chine avec le Japon, l’Australie, les États-Unis, le Vietnam et d’autres pays ne fait qu’accroître l’intérêt pour les faits et gestes passés et présents de Pékin.
La demande suscitant l’offre, le sinologue Timothy Brook vient de publier Le Léopard de Kubilaï Khan, un ouvrage qui associe une érudition de haut niveau et un judicieux emploi des cartes. Il y expose sa vision somme toute classique d’une Chine impliquée dans les affaires du monde ­depuis la haute Antiquité, et celle, plus inhabituelle, des ­véritables origines de l’État chinois actuel.

Le livre est tout sauf une diatribe antichinoise, ce qui ne l’empêchera pas de froisser Pékin, car les Mongols qui envahirent la Chine au xiiie siècle et les Mandchous qui en firent autant au xviie y sont présentés comme tels au lieu de se voir conférer rétroactivement la nationalité han, conformément à la doxa nationaliste chinoise.