Un roman monstre
Publié dans le magazine Books n° 122, novembre-décembre. Par Baptiste Touverey.
Uwe Tellkamp a connu la gloire en 2008 avec La Tour. Il publie aujourd’hui la suite. Entre-temps, ses propos sur les réfugiés en ont fait une figure honnie.
Dire que ce roman était attendu serait un euphémisme. Et qu’il a déçu, plus encore. « Celui qui continue de le lire après 50 pages est courageux, celui qui le garde en main après 200 pages est fou. Celui qui en lit les 900 pages est probablement un critique littéraire », note dans Die Zeit Adam Soboczynski, lui-même critique de son état. Der Schlaf in den Uhren est ce que les Allemands appellent un « roman mammouth », un pavé, tout comme l’était celui dont il est censé être la suite, La Tour, paru en 2008 et qui avait connu un prodigieux succès outre-Rhin : lauréat du prix du Livre allemand (le plus prestigieux du pays), il s’était écoulé à près de 1 million d’exemplaires, avait fait l’objet d’une quinzaine de traductions (dont l’une en français, chez Grasset) et d’un téléfilm en deux parties. D’un coup, il avait installé son auteur, Uwe Tellkamp, au firmament des lettres allemandes : on comparait sa prose à celle de Thomas Mann et...