Un peuple malmené
Publié dans le magazine Books n° 115, septembre-octobre 2021.
Dans un récit empreint de réalisme magique, la romancière russe Gouzel Iakhina relate l’histoire tragique des descendants des Allemands venus s’installer sur les rives de la Volga au XVIIIe siècle.
Sous le règne de Catherine II, la Russie s’agrandit de plus de 500 000 kilomètres carrés vers l’ouest et le sud. Pour cultiver ces vastes terres, l’impératrice d’origine allemande publia en 1763 un manifeste invitant les populations d’Europe, notamment germaniques, à s’installer près de la Volga en échange de privilèges (exonération d’impôts, liberté de culte, exemption du service militaire, etc). Les colons allemands qui émigrèrent en Russie pouvaient donc vivre en autogestion, contrairement aux paysans russes, astreints au servage. Ils conservèrent leur culture, leurs traditions, leur langue et leur religion. Mais, après la révolution russe de 1917, leurs privilèges furent abolis, et les Allemands de Russie subirent de plein fouet la collectivisation, puis les persécutions du régime stalinien.
Dans Les Enfants de la Volga, Gouzel Iakhina retrace l’histoire tragique de cette population allemande à l’aube de l’État soviétique, que Staline finira par déporter en 1942 vers la Sibérie et le Kazakhstan. Bien qu’il repose sur un travail de documentation fouillé, le livre échappe aux règles classiques du roman...