Publié dans le magazine Books n° 47, octobre 2013. Par Will Blythe.
Enfin un roman historique qui ne réécrit pas le passé avec les sentiments du présent ! De la conquête de l’Ouest à nos jours, The Son retrace magistralement l’histoire d’une dynastie texane qui a bâti sa fortune sur les expropriations et le pétrole.
Tous les mauvais romans historiques – autrement dit, la plupart – le sont exactement de la même façon : on y trouve l’habituelle galerie de méchants, tous certifiés historiquement. Ce sont de banals films en costumes, aux révélations prévisibles, et aussi insupportablement vertueux qu’une adolescente végétarienne. Le passé n’est que le décor d’une comédie moralisatrice, à la conclusion courue d’avance. Les protagonistes ont beau porter la robe à paniers ou le pourpoint, ils possèdent une belle conscience des plus modernes. Ainsi le petit tambour rebelle se découvre-t-il, par exemple, des affinités avec l’esclave en cavale, au lieu de l’abattre d’une balle dans la tête. Le lecteur est autorisé à se sentir supérieur à ses ancêtres en se disant : « Moi, je n’aurais jamais été un confédéré, un nazi, un pharisien, un Cananéen, un phalangiste, un Visigoth, etc. » Et, la chose est certaine, jamais il ne se serait pavané vêtu d’un pourpoint.
Le brillant deuxième roman de Philipp Meyer,
The Son, épopée de l’Ouest américain, constitue une alternative sombre mais palpitante à ce...