Sérendipité
Publié le 4 décembre 2015. Par La rédaction de Books.
Imperial War Museums
Ce mot est le point commun entre la pénicilline, le Velcro, le nettoyage à sec, le Viagra, le LSD et les rayons X. Toutes sont des découvertes dues au hasard. Le nom lui-même a fait un long voyage avant d’entrer dans le dictionnaire. Il est inspiré de contes d’origine orientale, Les Aventures des trois princes de Serendip, publiés pour la première fois en Europe à Venise en 1557. Ce nom de lieu pour devenir un concept et passer du persan au Français a transité par l’anglais.
Serendipity apparaît dans une lettre du politicien et collectionneur Horace Walpole : « Cette découverte est presque du genre que j’appelle serendipity, mot très expressif que je vais m’efforcer de vous expliquer […]. J’ai lu naguère un conte assez bête, appelé Les Trois Princes de Serendip : au cours de leur voyage, leurs Altesses faisaient sans cesse des découvertes, par accident et sagacité, de choses qu’ils ne cherchaient pas : par exemple, l’un d’eux découvrit qu’une mule aveugle de l’œil droit avait récemment parcouru la même route, parce que l’herbe était broutée seulement du côté gauche, alors qu’elle était moins bonne que du côté droit. » Un siècle plus tard, sous l’impulsion de T.H. Huxley, biologiste et ami de Darwin, le mot désigne des découvertes accidentelles faites par des savants et des ingénieurs.
Le français a longtemps résisté à ce mot séduisant, jusqu’à ce qu’il soit galvaudé. Il a cédé, il y a quelques décennies, le traduisant directement en sérendipité. Les Québécois ont préféré « fortuité ». Le concept était pourtant bien présent dans l’esprit de nos chercheurs, comme en témoigne la formule de Pasteur : « La chance ne sourit qu’aux esprits bien préparés. »
En savoir plus : Affaire de sérendipité, Books, mars 2012 ; et Le hasard et la sagacité, Michel André, les Blogs de Books.