« Quel bruit fait un cœur de 89 ans au moment où il se brise ? Peut-être émet-il un son à peine plus audible qu’un silence ; un son léger et bref, certainement. » Les mots qui forment le saisissant incipit d’
On Canaan’s Side sont ceux de Lilly Bere, une vieille femme assise à sa table en Formica dans un petit pavillon des Hamptons, avec une théière usée pour seule compagnie ; une femme à qui « les guerres ont tout pris », écrit Emer O’Kelly dans l’
Irish Independent. Chaque chapitre du nouveau roman de Sebastian Barry est un jour de deuil pour Lilly : « Premier jour sans Bill » ; « Deuxième jour sans Bill » ; « Troisième jour sans Bill »… Les titres égrènent le macabre décompte du temps écoulé depuis la disparition de son petit-fils, un jeune soldat qui s’est pendu à son retour de la guerre du Golfe. Avant lui, son père (le fils unique de Lilly) était rentré traumatisé du Vietnam. Et avant lui encore, Tadg, le premier amour de Lilly, l’homme qu’elle avait suivi en Amérique, était mort pour avoir combattu dans le mauvais camp pendant la guerre civile...