Road trip macabre

Le dernier roman de Jesmyn Ward, couronné par le National Book Award, vaut surtout pour son style.

Vivre dans une famille noire pauvre du Sud ­rural des États-Unis n’est pas une partie de plaisir, et en voici une nouvelle confirmation. Jesmyn Ward, figure montante des lettres américaines, plonge dans cette glauquitude à la première personne – des premières personnes alternées, plus pathétiques les unes que les autres, et parmi lesquelles un fantôme –, avec une justesse qui trahit une longue expérience de ce genre de milieu. Le fait est, souligne Lisa Allardice dans The Guardian, que la vie de l’auteure « a été jalonnée d’événements monumentaux »ce qui est un euphémisme : elle est née grande prématurée, elle s’est fait sauvagement attaquer enfant par un pitbull, son frère a été tué à 19 ans par un chauffard blanc en état d’ivresse, et la maison familiale a été dévastée par l’ouragan Katrina. Que se passe-t-il dans ce roman ? Pas grand-chose : le narrateur principal, Jojo, 13 ans, tue une chèvre avec son grand-père ; le grand-père lui raconte ses ­années de jeunesse, essentiellement passées à la prison de Parchman Farm, un des pires établissements pénitentiaires des États-Unis ;...
LE LIVRE
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Le Chant des revenants de Jesmyn Ward, Belfond, 2019

ARTICLE ISSU DU N°95

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