Publié dans le magazine Books n° 72, janvier 2016. Par Adam Goodheart.
En 1692, une flambée de procès en sorcellerie fait basculer une petite ville du Massachusetts dans la folie collective. Toutes les interprétations ont été proposées, depuis une lecture féministe jusqu’à l’hypothèse d’un trip causé par des champignons hallucinogènes. Une histoire de sorcières tout droit sortie des pages d’Harry Potter.
Cela commença parmi les enfants. Dans la maison du pasteur du village, deux fillettes se mirent à ramper sous les meubles, à faire de drôles de bruits, à ouvrir leurs bras comme des ailes pour tenter de s’envoler. Le plus étrange – pour quiconque a passé plus de dix minutes dans la cour de récréation d’une école primaire – c’est qu’on ait pu voir là quoi que ce soit d’étrange. Mais les critères de bonne conduite des jeunes filles étaient plus exigeants dans la Nouvelle-Angleterre du XVIIe siècle. Les sources de l’époque trahissent une certaine perplexité. Betty Parris, la fille du pasteur, âgée de 9 ans, et sa cousine Abigail Williams, 11 ans, avaient toujours été des petites filles modèles, « bien élevées et d’une conduite parfaite », lit-on dans une chronique. Bientôt, la rumeur commença à se répandre dans Salem : les fillettes avaient été ensorcelées. Des religieux débarquèrent, suivis par la police.
C’était en janvier et février 1692. À l’automne, tout cela s’était transformé en une sérieuse affaire d’adultes : déjà vingt hommes et femmes âgés de 20 à 80 ans avaient été exécuté...