Reines des âges obscurs
Publié dans le magazine Books n° 123, janvier-février. Par Baptiste Touverey.
Les femmes ont le vent en poupe : on voit en elles les grandes oubliées ou vilipendées de l’Histoire et on ne compte plus les ouvrages qui entendent y remédier. L’un des derniers en date est signé de la poétesse américaine Shelley Puhak. Il est consacré aux reines Brunehaut et Frédégonde. Dans leur cas, cela fait longtemps que l’historiographie les a réhabilitées, mais qu’importe. Pour l’historien Levi Roach, Puhak a accompli un remarquable travail de vulgarisation à l’endroit du grand public anglo-saxon : « Sous sa plume, elles apparaissent comme d’habiles manipulatrices qui ont réussi à naviguer dans les eaux troubles de la politique mérovingienne pendant près d’un demi-siècle », écrit-il dans la Literary Review. Il faut dire que, sur les sept rois qui se sont succédé pendant cette période, « trois ont connu une fin violente (deux assassinés, un tué au combat), un a été empoisonné, un est mort de dysenterie et deux seulement de cause naturelle ». Alors, comment expliquer la survie de Frédégonde et Brunehaut (laquelle...