Depuis les années 1990, le sociologue Michael Hartmann prend un malin plaisir à démonter les idées reçues sur les élites. L’affirmation selon laquelle elles ne devraient leur position qu’à leur mérite ? En 1996, dans
Topmanager, Hartmann a montré que, dans leur immense majorité, les élites allemandes étaient les héritières de celles du passé. L’argument des PDG de grandes entreprises justifiant leurs salaires astronomiques par le marché mondialisé dans lequel ils évoluent ? Une escroquerie, à en croire un autre ouvrage de Hartmann, « L’élite économique mondiale. Une légende » (2016) : 90 % des PDG des plus grosses entreprises mondiales, tout comme 90 % des milliardaires, vivent et travaillent dans leur pays d’origine (voir
l’entretien qu’il a accordé à Books en avril 2018).
Dans son nouvel essai, Hartmann dénonce cette fois la déconnexion de ces élites. « Les élites en Allemagne, mais aussi dans d’autres pays, ne savent plus guère à quoi ressemble la vie de la majorité de la population : beaucoup de ses membres vivent dans des quartiers homogènes. Ils ont un autre quotidien, d’autres hobbies, d’autres opportunités », explique-t-il dans...