Profondeur de la surface
Publié dans le magazine Books n° 121, septembre-octobre 2022. Par Baptiste Touverey.
Pour la critique littéraire du Zeit Iris Radisch, c’est « peut-être son meilleur roman ». Dans Der Spiegel, l’écrivaine Eva Menasse ne tarit pas non plus d’éloges à propos du dernier ouvrage de Yasmina Reza, Serge, paru en Allemagne au début de l’année et qui s’y est très vite hissé en tête des meilleures ventes. « Il faut cacher la profondeur. Où ça ? À la surface », disait Hugo von Hofmannsthal, cité par Menasse. Reza, à l’en croire, y excelle. D’un côté, son livre est « léger comme une plume » et semble parler « de tout et de rien ». De l’autre, il s’agit d’« un coup de tonnerre existentiel qui ne capte rien de moins que le sentiment de vie d’au moins deux générations européennes d’après-guerre ». Reza s’y révèle aussi une maîtresse de l’ambivalence, marque des plus grands romanciers, selon Menasse : « Le tour de force consiste à présenter des conflits banals de telle sorte qu’...