Dans son livre publié aux Etats-Unis quelques mois avant l’élection de
Barack Obama, la philosophe Susan Neiman faisait ce constat : la gauche
américaine n’est plus aujourd’hui capable de soutenir un discours moral
fort, fondé sur des principes clairs et pleinement assumés.
La droite conservatrice, au contraire, rompant avec son
anti-intellectualisme d’autrefois, n’hésite plus à revendiquer
l’héritage des Lumières et à en faire activement la promotion. Engagés
dans tous les débats moraux contemporains, ses représentants ont su se
poser en défenseurs des valeurs traditionnelles, comme l’a illustré en
2004 la réélection de G. W. Bush, conclusion d'une campagne dominée par
les thèmes de l’avortement et du mariage gay.
Comment expliquer ce basculement, qui n’est pas propre aux Etats-Unis ?
Pour l’auteur, le désarroi moral de la gauche tient à son abandon du
marxisme au profit du postmodernisme. La nouvelle vulgate, en jetant le
soupçon sur les valeurs des Lumières et de l’humanisme, aurait privé la
gauche de l’essentiel de son vocabulaire moral, la condamnant au
relativisme. Dans cette logique tiède, « le pire qui puisse être dit...