Publié dans le magazine Books n° 21, avril 2011.
À Lisbonne, une exposition rend hommage à la poétesse Sophia de Mello Breyner. Le succès de son catalogue confirme la fascination qu’exerce encore cette grande figure de la littérature portugaise et de la lutte contre la dictature.
« La chose la plus ancienne dont je me souvienne, c’est une chambre face à la mer, à l’intérieur de laquelle était posée sur une table une pomme, énorme et rouge. De l’éclat de la mer et du rouge de la pomme irradiait une félicité irréfutable, nue et entière. Ce n’était en rien fantastique, en rien imaginaire : c’était la propre présence du réel que je découvrais, écrivait la poétesse portugaise Sophia de Mello Breyner en 1964, dans un volume de ses
Artes poèticas [« Arts poétiques »]. La poésie fut toujours pour moi une poursuite du réel. Un poème est toujours un cercle tracé autour d’une chose, un cercle où l’oiseau du réel est fait prisonnier. » Décédée en 2004, « Sophia », comme on l’appelle au Portugal, est sans aucun doute « l’un des plus grands poètes de la langue portugaise, non seulement du XXe siècle, mais de tous les temps », rapporte l’éditorialiste José Carlos de Vasconcelos dans l’édition que lui dédie le
Jornal de Letras.
Depuis janvier, et jusqu’au 30 avril,...