Publié dans le magazine Books n° 55, juin 2014. Par Darrin McMahon.
Pour un historien britannique, c’est aux représentants des « Lumières radicales », les Spinoza, Brissot et Condorcet – et à leurs héritiers girondins – que nous devons le bon côté de la Révolution française : la défense des droits de l’homme, la tolérance, l’antiracisme et la lutte contre la misogynie. Une thèse controversée.
Le livre de Jonathan Israel s’ouvre sur une scène familière pour quiconque fréquente les pubs parisiens pour expatriés : des Britanniques, des Yankees et des Irlandais qui se saoulent ensemble au nom de la fraternité francophile. Certes, le groupe réuni à l’hôtel White, le 18 novembre 1792, avait un peu plus de hauteur de vues que le touriste moyen en goguette. Il incluait les révolutionnaires anglais et américain Thomas Paine et Joel Barlow, le pasteur presbytérien David Williams, l’ancien parlementaire sir Robert Smyth, le journaliste et soldat écossais John Oswald, l’Irlandais lord Edward Fitzgerald et les poètes Helen Maria Williams et Robert Merry. Même Wordsworth en était peut-être. Collectivement, ils levèrent leurs verres pour une succession de toasts : aux droits de l’homme et du citoyen, à la nouvelle république française, à la fin de la féodalité, aux femmes, aux patriotes menant la révolution à travers le monde. Enfin, dans l’un des derniers bans ainsi portés, ils burent à la paix universelle. À l’évidence, ils étaient alors tous ivres.
Malgré tout, c’est un rappel grisant de l’idéalisme qui alimenta en grande partie...