Platon et l’histoire des sciences
Publié dans le magazine Books n° 64, avril 2015.
« Pourquoi les scientifiques ne devraient pas écrire d’histoire. » Tel est le titre peu amène sous lequel a paru, dans le Wall Street Journal, la critique consacrée par l’historien Steven Shapin au dernier livre du prix Nobel de physique Steven Weinberg. Il est vrai que Weinberg n’a pas ménagé ses confrères spécialistes de sciences sociales : « J’ai voulu, écrit-il, prendre mes distances avec ce qui reste de constructivistes : ces sociologues, philosophes et historiens qui tentent d’expliquer non seulement les processus, mais aussi les résultats de la science, comme des produits d’un milieu culturel particulier. » Fort de « la perspective d’un scientifique moderne sur la science du passé », Weinberg revendique son droit à « juger le passé selon les critères du présent ». Une démarche qui a le mérite de mettre en lumière certains savants méconnus, tels Aristarque de Samos (un tenant de l’héliocentrisme, dès le IIIe siècle av. J.-C.) ou le chimiste anglais Robert Boyle (l’un des pionniers de la méthode expérimentale au XVIIe siè...