Publié dans le magazine Books n° 103, décembre 2019 / janvier 2020.
Au XVIIe et XVIIIe siècles, le sous-continent indien ne fut pas conquis par la Couronne britannique mais par une entreprise commerciale militarisée, la Compagnie britannique des Indes orientales.
Plébiscité en Inde, le dernier ouvrage de l’historien britannique William Dalrymple suscite aussi un vif intérêt au Royaume-Uni et aux États-Unis. Et pour cause :
The Anarchy traite d’un sujet essentiel de l’histoire globale, à savoir l’essor de l’East India Company, la Compagnie britannique des Indes orientales, aux XVII
e et XVIII
e siècles. « Le 28 août 1608, résume Jason Burke dans
The Guardian, le capitaine William Hawkins, obscur navigateur britannique, jetait l’ancre à Surat, sur la côte occidentale du sous-continent indien. L’Inde comptait alors 150 millions d’habitants, soit un cinquième de la population mondiale. L’Empire moghol régnait sur l’essentiel de ce territoire […]. Cette impressionnante dynastie avait 4 millions de soldats sous ses ordres ; l’Inde était une grande puissance industrielle et le premier producteur mondial de textiles. »
Mais deux siècles plus tard, poursuit le chroniqueur, « l’empereur moghol était devenu de facto un vassal », non pas de la Couronne britannique, mais d’« une entreprise privée commerciale, ayant son siège à Londres, la Compagnie britannique des Indes orientales ». Comment une entreprise londonienne a-t-elle pu conquérir...