La peinture selon Narcisse
Publié le 1 juin 2018. Par La rédaction de Books.

La Naissance de Narcisse. DR
Dans la Naissance de Narcisse, cette semaine au cinéma, le héros réalise son désir narcissique grâce à la science. Dans le mythe originel, ce n’est pas à la technologie que Narcisse s’en remet, mais à l’art. Dans son traité De Pictura, le polymathe italien du quinzième siècle Leon Battista Alberti fait du personnage mythique l’inventeur de la peinture. Il lie ainsi l’image, l’individu et la créativité. A l’explication traditionnelle (la peinture serait née d’une volonté d’imiter la nature ou d’esquisser le contour des ombres), l’humaniste ajoute le rôle du désir. Sans pinceau, sans tableau, Narcisse est « l’occasion » de la peinture. Selon Alberti, la métamorphose, le même pouvoir qui change Narcisse en fleur pour avoir trop observé son reflet, est l’essence de l’art.
Mais la peinture est surtout, le moyen d’embrasser une surface qui elle-même constitue la donnée première et inaliénable de la peinture, sa source. Dans cette perspective, l’histoire de Narcisse est pertinente dans son ensemble. Le héros de la fable découvre dans l’eau de la source l’objet de son désir, mais ne l’identifie pas immédiatement. Quand il comprend qu’il s’agit de son reflet, il laisse libre cours à sa passion et attend la métamorphose finale.
A lire dans Books : Les illusions du portrait, mars/avril 2017.