On ne compte plus les articles parus dans la presse et les revues anglo-saxonnes sur le livre de Pascal Bruckner consacré au « masochisme » de l’Occident. Ils sont le plus souvent louangeurs, voire enthousiastes. « Exceptionnel de lucidité », écrit Andrew Anthony, lui-même auteur d’un livre sur le sujet (
The Guardian). « Important », conclut malgré quelques réserves Eric Kaufman, de Harvard (
Prospect). L’essayiste américain Brian C. Anderson salue, lui, sans réserve aucune, un livre « politiquement incorrect », qui « arrive au bon moment » (
The New Criterion).
Que dit Bruckner ? Pour l’ancien « nouveau philosophe », les Occidentaux et en particulier les Européens sont victimes d’un complexe de culpabilité qui relève d’une forme de masochisme. Avatar du péché originel, cette culpabilité est celle de l’homme blanc, qui a organisé la traite des esclaves, exterminé les Juifs, colonisé la moitié du monde et organisé son exploitation capitaliste. Il s’agit donc de faire pénitence. D’où les étranges contorsions auxquelles nous avons assisté : éloge de Khomeiny par Foucault, excuse du terrorisme par Derrida, « jubilation pornographique » de Baudrillard devant le 11-Septembre, assimilation par Agamben des camps pour sans-papiers aux camps...