Pascal Blanqué : « Les musiciens sont entrés en politique dans l’entre-deux-guerres »

Avec la fin de la Grande Guerre, les musiciens français sont rattrapés par l’histoire. Au moment où l’économie de la musique se transforme, beaucoup s’impliquent, surtout à gauche.

Books : L’entre-deux-guerres a vu se déployer la figure de ce que vous appelez le « citoyen musicien ». Qu’entendez-vous par là ?

Pascal Blanqué : Le musicien est à tort oublié de l’histoire des intellectuels en France dans leurs relations avec la cité et la politique. Après la Première Guerre mondiale, il se trouve « embarqué » dans l’histoire, comme on dira plus tard. Typique est l’évolution d’un Arthur Honegger. Au lendemain du conflit, il exprime un message de paix chrétienne dans Le Roi David (1920), puis cède à l’enthousiasme pour les nouvelles machines dans Pacific 231 (1924). La crise économique le rend pessimiste et lui inspire Les Cris du monde (1931), où sont dénoncés les méfaits de la civilisation industrielle. Lors de la montée du nazisme, il fournit la musique de divers films qui chantent la défense de la liberté, comme Marthe Richard au service de la France (1937). En 1936, il descend dans la rue et écrit pour Le 14 juillet de Romain Rolland une « Marche sur la Bastille ». Et...

ARTICLE ISSU DU N°14

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