Publié dans le magazine Books n° 68, septembre 2015. Par Glen Roven.
Composé un an avant sa mort par un Schubert syphilitique, le Voyage d’Hiver compte parmi ses œuvres les plus abouties et les plus poignantes. Ce cycle de vingt-quatre chants évoquant l’errance d’un amoureux désespéré a laissé une empreinte aussi profonde en littérature qu’en musique. On en trouve des échos chez Beckett, Paul Auster et jusqu’à Bob Dylan.
J’ai assisté récemment à une conférence que donnait l’acteur britannique Alan Cumming sur sa carrière. Il est arrivé sur la scène, a pris place, puis a regardé le public en face. « Les gens m’interrogent toujours sur ma mécanique… » Mon cœur a flanché : oh non, ça allait être l’une de ces conférences-là. Mais Cumming a poursuivi : « Je n’
obéis pas à une mécanique. Je ne suis pas un automate. »
Ouf. Il est toujours éprouvant d’entendre un acteur parler de la manière dont il fonctionne. Ce qui m’intéresse chez les acteurs, c’est leur jeu, pas le laïus sur le travail qu’il y a derrière. Et s’il
faut vraiment qu’ils s’expriment sur quelque chose, j’aime autant qu’ils nous racontent les potins, les rivalités assassines et les coucheries des uns et des autres.
J’ai ouvert « Le
Voyage d’Hiver de Schubert », l’ouvrage du grand ténor anglais Ian Bostridge, avec une certaine appréhension. S’il est quelque chose de plus pénible qu’un acteur parlant de sa méthode,...