Oblomovisme
Publié le 24 juillet 2015. Par La rédaction de Books.
Quelques jours de la vie d'Oblomov, 1979
Ilia Ilitch Oblomov est dans son lit au début du roman qui porte son nom. Cent cinquante pages plus loin, il n’en a pas bougé. Oblomov souffre d’« oblomovisme », une maladie du sommeil, une indolence certaine. Le terme a été forgé par l’auteur du roman Ivan Gontcharov et est même utilisé par le héros pour se caractériser.
Oblomov est devenu un type littéraire et psychologique, comme le souligne la spécialiste de la littérature russe Hélène Mélat dans la revue Temporel en 2009. Il est le type même de l’aristocrate russe indolent. Par extension, l’oblomovisme en est venu à désigner un trait fréquent chez les Russes, une profonde paresse mêlée de mélancolie. Le critique Nikolaï Dobrolioubov, contemporain de Gontcharov, y voit un fléau de la vie russe. Au moment de la parution du roman, en 1859, la société russe vit de grands bouleversements. Le servage est en passe d’être aboli. La modernisation à l’européenne séduit, mais l’âme russe résiste.
Si l’oblomovisme s’est invité dans le débat, il n’est pas certain que Gontcharov ait voulu y faire directement allusion. Le personnage du paresseux, comme celui du pauvre et du malheureux, fait partie de ceux pour lesquels la culture russe classique a beaucoup de tendresse.
Et Oblomov, dans sa paresse, est un héros courageux. « Il va jusqu’au bout de son désir de repos, décrit Hélène Mélat, résiste à la force qui veut l’en faire sortir, faisant preuve de courage, d’indépendance et d’une extraordinaire fidélité à soi-même. »