La naissance du maire
Publié le 4 octobre 2019. Par La rédaction de Books.
Dans Alice et le maire, le réalisateur Nicolas Pariser met en scène Fabrice Luchini dans le rôle d’un maire à court d’idées.
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, le sens de l’initiative n’était pas l’une des principales qualités requises pour être maire. Si le terme apparait dès le Moyen-âge, la fonction telle que nous la connaissons est un héritage de la Troisième République, rappelle l’historienne Jocelyne George dans son Histoire des maires.
L’officier qui porte ce nom durant le Moyen-âge et l’ancien régime est un représentant du seigneur ou du roi. La Révolution va lui donner un autre rôle, délégué de la population, et le faire élire démocratiquement dans les 44 000 communes de la France d’alors. Mais dès 1793, les assemblées municipales élues sont suspendues. En 1800, Bonaparte les rétablit, mais les maires sont désormais nommés et soumis à l’étroite tutelle des préfets. Louis-Philippe restaure l’élection des conseils municipaux au suffrage censitaire en 1831, mais ceux-ci ne choisissent toujours pas le premier magistrat de la commune. Pendant une grande partie du XIXe siècle, les municipalités restent une simple courroie de transmission du pouvoir.
Sous le Second Empire, les républicains comprennent l’importance d’une vraie décentralisation pour la diffusion de leurs idées politiques. La IIIe République s’attache donc à réformer la vie municipale. Les conseils municipaux et les maires sont élus au suffrage universel à partir de 1884. De nouvelles couches de la population entrent ainsi dans la vie politique active. Le maire, officier de l’état-civil, responsable de l’école, met en quelque sorte en musique l’esprit républicain.
Les décisions municipales restent placées sous l’œil vigilant du préfet. Mais le conseil municipal qui par ses délibérations, désormais publiques, doit régler les affaires de la commune est encouragé à prendre des initiatives. La charge et les responsabilités du maire s’alourdissent, si bien que la fonction se professionnalise dès cette époque. La durée moyenne des mandats est alors de 15 ans.
À lire aussi dans Books :La Révolution « Phénix du monde », juillet-août 2012.