Médiocres milléniaux
Publié le 22 octobre 2020. Par Amandine Meunier.
Des jeunes surdiplômés devenus des adultes superpaumés entre débauches cocaïnées et projets bohèmes. Dans son dernier recueil de nouvelles, Cool for America, l’écrivain américain Andrew Martin « rend bien l’apathie comique et les tourments des millennials », note Anthony DiMauro dans la Los Angeles Review of Books.
Les lecteurs du premier roman de Martin, Early Work, retrouveront certains de ses personnages, comme Leslie, relectrice dans un magazine « alternative », qui cherche un sens à sa vie en buvant de la bière artisanale. Si chaque intrigue est différente, les protagonistes ont des traits communs. Issus des meilleures universités, ils peinent à transformer leurs aspirations artistiques en vrai gagne-pain, ils sont concentrés sur leur petite personne et, incapables de savoir « quoi penser » du monde qui les entoure, ils s’abîment dans la médiocrité. « On a rarement décrit cela avec une telle honnêteté », estime DiMauro, qui éprouve une certaine sympathie pour ces personnages frustrés par le décalage entre leurs ambitions et la réalité.
Jennifer Schaffer est moins tendre avec eux dans l’hebdomadaire The Nation. Dans des États-Unis polarisés à l’extrême, tous adoptent la même position d’impuissance : « Cool for America s’intéresse à cette façon qu’on ces gens soi-disant de gauche de gaspiller leur énergie dans des gestes au lieu d’agir ». Andrew Martin fait pourtant, ajoute-t-elle, le portrait « de cette génération qui pourrait être la mieux placée pour faire du grabuge le moment venu ».
À lire aussi dans Books : Petit éloge de la « moi génération », juillet-août 2009.