McEwan, maître espion
Publié dans le magazine Books n° 51, février 2014.
Dans Opération Sweet Tooth, Ian McEwan se joue des codes du roman d’espionnage.
Espionnage, Cambridge, sexe, et ségrégationnisme social : le magistral McEwan nous sert un cocktail typiquement British – mais il l’agite tant dans son shaker, il en mélange si bien les ingrédients qu’on ne sait plus trop ce que contient le verre.
Un roman d’espionnage, comme le proclame l’incipit ? Presque tous les protagonistes sont en effet, peu ou prou, des salariés du MI 5 (les services secrets britanniques), et le récit se déroule pour l’essentiel dans les locaux de l’officine. Mais Serena, l’héroïne, passe son temps, lorsqu’elle n’est pas au lit avec son amoureux, à lire ou à parler littérature.
Et cette jolie jouvencelle – mathématicienne qui n’aime que les belles lettres, fille d’évêque avec le diable au corps – se retrouve, alors qu’elle n’a ni le bon pedigree ni les bons diplômes, étrangement recrutée par le misogyne MI 5, pour y faire...