Maudit argent que l’on n’a pas

Las maravillas, le premier roman de la poétesse espagnole Elena Medel, bénéficie d’un accueil critique particulièrement chaleureux. « Cela a beau être sa première incursion dans la fiction, on sent dès les premières lignes qu’on a affaire à une auteure accomplie, à la voix singulière et assurée », juge ainsi le romancier Carlos Zanón dans Babelia, le supplément culturel du quotidien El País. Elena Medel a déjà à son actif trois recueils de poèmes et deux essais sur la poésie.

Dans Las maravillas, l’écrivaine entremêle le destin de deux femmes qui ont quitté leur Andalousie natale pour s’établir à Madrid, dans un quartier de la périphérie. Il y a d’abord María, femme de ménage, qui confie sa fille bébé à ses parents à la fin des années 1960 pour monter à la capitale, sans pour autant y trouver la vie meilleure qu’elle espérait. Puis, Alicia, de trente ans sa cadette, qui suit le même itinéraire pour se retrouver vendeuse dans une sandwicherie de la gare d’Atocha. « Chez les deux femmes, c’est l’argent, ou plutôt son manque, qui dicte les décisions», note Zanón. « Las maravillas parle de comment on peut survivre à la précarité, à la pauvreté et à ces liens qui nous définissent en même temps qu’ils nous étranglent », résume-t-il.

Pour Pablo Martínez Zarracina, poète lui aussi, Las maravillas vient « combler deux des faiblesses que l’on impute souvent à la prose espagnole. D’une part, son incapacité à aborder l’actualité sous l’angle de la fiction et, de l’autre, sa tendance à occulter le rôle fondamental de l’argent dans la vie des gens », explique-t-il dans le quotidien de Bilbao El Correo.

Et Lorena G. Maldonado de renchérir dans le quotidien en ligne El Español: l’auteure « parle de l’argent, de ce “foutu fric” si peu présent dans la littérature, le cinéma et les arts plastiques. De quoi vivent les personnages ? Comment font-ils pour boucler les fins de mois ? Où sont les factures ? […] Il est rare de voir des personnages aux prises avec ces petites choses qui nous minent au quotidien : les réprimandes d’un chef, le métro bondé, le sentiment d’être médiocre, d’être un imposteur, d’être exploité ».

À lire aussi dans Books : Les orphelins de la mondialisation, mars-avril 2017.

LE LIVRE
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Las maravillas de Elena Medel, Anagrama, 2020

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