Publié dans le magazine Books n° 60, décembre 2014.
Il fut un temps où la marche était le principal sport de spectacle aux États-Unis. Une réalité curieusement ignorée par un philosophe français auteur d’un ouvrage à succès sur les bienfaits de cette activité.
«Marcher n’est pas un sport », annonce le philosophe français Frédéric Gros au début de son livre. De quoi énerver Adam Gopnik, qui vient de lire l’ouvrage du journaliste et historien Matthew Algeo sur l’histoire de la marche comme… sport. Second sujet d’énervement pour le critique new-yorkais : dans sa méditation historico-philosophique, Gros ne mentionne « aucun des grands marcheurs new-yorkais, de Walt Whitman à Alfred Kazin (1) », et « aucun des grands livres » sur la marche dans cette métropole qui s’y prête si bien. Pourtant un succès à l’étranger, l’ouvrage de Gros est « étroitement parisien ». L’auteur ne s’est pas abaissé à faire une recherche simple sur Google (« Sport promenade histoire »), se moque-t-il. Troisième sujet d’énervement : c’est à ses yeux un produit caricatural de l’universitaire parisien, alignant les « affirmations oraculaires » – dont « marcher n’est pas un sport » n’est pas la moindre. La marche rapide n’est-elle pas une discipline olympique ?
Entre l’Europe et les États-Unis, les perspectives diffèrent déjà sur tant des choses – en voici donc encore une. Spécialiste des curiosités américaines, Matthew Algeo s’est penché sur l’étrange passion...