Le jackpot pour un jeune psychiatre en quête d’un sujet de thèse : trouver dans son propre service un aliéné victime d’une psychose bizarre, non encore recensée. C’est le cadeau que le destin a fait en 1886 à Philippe Tissié, médecin aliéniste à l’hôpital Saint-André de Bordeaux, en la personne d’Albert Dardas. Le patient est un ouvrier gazier tout à fait convenable, chaste et non buveur, mais avec un vrai gros problème : de temps à autre, après avoir entendu prononcer le nom d’un lieu, il abandonne tout pour s’y rendre, dans un état second, après avoir bu beaucoup d’eau et s’être masturbé frénétiquement. Quand on le retrouve, à l’autre bout de la France ou de l’Europe, il est généralement en prison, et complètement amnésique. Seule l’hypnose peut lui permettre de retrouver le fil de ses fugues : Paris, Marseille, Alger, Vienne, Berlin, Prague, Moscou, Istanbul…
Le malade du docteur Tissié acquiert vite une certaine notoriété – ce qui est bien commode quand il s’agit de le localiser pour le rapatrier. Mieux encore, on va se mettre à détecter de...