L’idéal fraternel
Publié le 5 octobre 2018. Par La rédaction de Books.
Frères Ennemis, Copyright Bac Films
Frères ennemis de David Oelhoffen est un énième film opposant deux amis d’enfance, l’un bandit l’autre policier. Si les deux protagonistes ne sont pas liés par le sang, ils sont présentés comme des frères. Dans Frères et sœurs, l’historien Didier Lett souligne la valorisation du lien fraternel en Occident, un héritage du christianisme.
Le Christ se présente comme le frère aîné des chrétiens. Dans l’Épître aux Romains, il est « le premier né d’une multitude de frères ». Les chevaliers et les moines perpétuent cet idéal en se présentant comme des frères.
La fin de l’Ancien Régime étend ce rêve fraternel. C’est toute la nation qui alors est pensée comme une fratrie. Le roi, père de la patrie, est accusé d’avoir trop longtemps privilégié ses aînés (la noblesse et le clergé) au dépend des cadets, le Tiers-Etat. Sa décapitation doit conduire à la constitution d’une société des égaux, totalement horizontale et fraternelle. La fraternité incarne un sentiment, une vertu, un devoir et un principe politique qui s’étend à toute l’Europe, mais dont les femmes, les sœurs sont exclues.
La valorisation du lien fraternel n’empêche pas les conflits. Les mythes et récits antiques en regorgent, tout comme la Bible. Les fratries de même sexe sont les plus sujettes à la haine. Entre frères, autour de la question de l’héritage notamment, elle peut aller jusqu’au fratricide. Et ne n’est pas toujours l’aîné qui gagne. Abel est préféré à Caïn, Isaac à Ismaël, Jacob à Esaü, Moïse à Aaron.
A lire aussi dans Books : Deux démons de Colombie, octobre 2013.