L’hiver où L’Angleterre s’arrêta
Publié dans le magazine Books n° 113, mai 2021.
Dix semaines de froid record, au tournant des années 1962-1963, ont plongé la Grande-Bretagne dans le chaos. Juliet Nicolson livre un récit enlevé de cette période qui, selon elle, a propulsé le pays dans la modernité.
Londres, en décembre 1962. Cette année-là, un hiver polaire donna lieu à des scènes surréalistes.
Ce 26 décembre 1962, il neige sur le manoir de Sissinghurst, dans le Kent, où la jeune Juliet Nicolson passe Noël en famille. Le lendemain aussi, il neige, et la fillette de 8 ans s’émerveille : « Les murs, les pelouses, les statues, les vasques » du parc ont comme disparu. Le surlendemain encore et dix semaines durant, jusqu’au 6 mars 1963, il neige sur le Royaume-Uni. Prise dans la vague de froid qui balaie alors l’Europe, l’île connaît l’hiver le plus glacial depuis 1895.
Près de soixante ans plus tard, l’écrivaine Juliet Nicolson livre avec Frostquake la chronique d’une société britannique frappée de plein fouet par un cataclysme climatique. Trois mois de chaos bien vite jetés aux oubliettes des accidents sans suite. À tort, estime l’auteure. Elle a plongé dans les journaux de l’époque et dans ses souvenirs pour en tirer un « agréable mélange d’histoire sociale et de souvenirs personnels », estime Trevor Phillips dans The Sunday Times. Et Nicolson d’avancer que la glaciation a eu pour effet...