« L’Europe tremble, au bord d’une guerre généralisée »
Publié dans le magazine Books n° 48, novembre 2013.
La correspondance échangée pendant plus de cinquante ans par Winston Churchill et sa femme Clementine n’est pas seulement un extraordinaire document historique. C’est aussi un régal d’intelligence où le lecteur découvre, dans l’intimité du grand homme, à la fois la fabrique de l’histoire et celle d’une ambition. À l’été 1914, le couple évoque « la vague de folie qui a emporté les esprits du monde chrétien »…
De Winston Amirauté (1) 24 juillet 1914
Ma chérie, J’ai réussi à reporter mes conférences navales et je viendrai vous voir demain, vous & les chatons [leurs enfants Diana et Randolph, NdlR], par le train d’1 heure. Je vous donnerai alors toutes les nouvelles. L’Europe tremble, au bord d’une guerre généralisée. L’ultimatum de l’Autriche à la Serbie étant le document de ce type le plus insolent jamais conçu. À côté de cela, la formation d’un gouv. provisoire en Ulster, désormais imminente, paraît presque de la routine. (2) Il faudra juger des événements à venir en Ulster quand ils se produiront. Personne ne semble guère s’en alarmer. Avec mon tendre & profond amour, W.De Clementine Pear Tree Cottage (3) Lundi soir [27 juillet 1914] Mon chéri Je viens juste de raccrocher (4). C’est merveilleux d’entendre votre voix si clairement aussi loin – J’avais tellement envie de vous prendre dans mes bras & d’embrasser votre cher visage – Mais je dois aussi vous dire que je ne suis pas une chatte [le...