L’État-nation, seul antidote à la religion européiste

La logique de la démocratie s’oppose à celle de la mondialisation. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les pays les plus démocratiques et les plus performants économiquement ne sont, en général, ni les plus grands, ni ceux qui ont fait le pari de dépasser l’État-nation. Devenu religion, le projet européen repose sur une série d’illusions dangereuses.


L’Union européenne, en aspirant à devenir à terme un nouveau super-État, prétend s’inscrire dans le sens de l’Histoire. La tendance n’est-elle pas, en effet, à la constitution d’États de plus en plus gros ?
Non. Le nombre d’États dans le monde a augmenté au cours des décen­nies de mondialisation économique qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, passant de 91 en 1950 à 202 en 2010. Les États qui ont émergé au cours de ce processus sont plutôt restés petits, malgré une population mondiale en constante augmentation. Ils comptaient en moyenne 34 millions d’habitants en 2010 contre 26,2 millions en 1950. Il y a certainement de nombreuses raisons à cela (la décolonisation en premier lieu), mais l’une d’elles est que les nations se sentent plus en sécurité lorsqu’elles sont gouvernées par elles-mêmes plutôt que par une élite supranationale ou par un État sur lequel elles n’ont aucune prise parce qu’il est contrôlé par un autre État ou un super-État. On le voit bien avec l’Union européenne, justement, dont la construction a exacerbé le séparatisme aussi...

LE LIVRE
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Entre mondialisation et démocratie. L’économie politique à l’heure du néolibéralisme finissant de Wolfgang Streeck, Suhrkamp, 2021

ARTICLE ISSU DU N°116

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