Les voix du nazisme
Publié dans le magazine Books n° 57, septembre 2014. Par Ulli Lust.
En Allemagne, en 1940, un acousticien est chargé par les autorités d’étudier la nature profonde de la langue allemande. Une quête obsessionnelle qui reflète le basculement de tout un peuple dans la folie.
Hermann Karnau est acousticien. Repéré par les nazis, cet obsédé de la voix humaine se met dès 1940 au service du IIIe Reich. Dans sa frénésie de prouver que la langue allemande est « quelque chose que l’on a dans le sang », Karnau enregistre des centaines de voix, et fait des expériences pour obtenir la voix aryenne la plus pure.
Adaptation graphique du roman Voix de la nuit, de l’écrivain allemand Marcel Beyer, le dernier ouvrage d’Ulli Lust juxtapose la voix fictive de Karnau et celle de la jeune Helga Goebbels, fille aînée du ministre de la Propagande nazi. Les univers de l’ingénieur et de l’adolescente se font écho, jusqu’à se rejoindre dans les dernières pages, qui font de Karnau l’un des derniers notables à être admis, en avril 1945, dans le bunker d’Hitler, avec toute la famille Goebbels, dont il décidera d’enregistrer les derniers instants des enfants assassinés.
« OUAF, TOC,TOC, TOC, Grrrr, RTRTRTRTRT, iiieek, flap, flap, flap, AHHHH, OHHH, mmhmm, hihihi, OUAAA, Ratatatatata, Aiii-CHCHCH, Cliiing, CRAAAHHHH, etc. » Voix de la nuit déploie une impressionnante « gamme d’onomatopé...
Cet article est réservé aux donateurs de Books.
Je donne tout de suite !
Déjà donné ?
Je me connecte pour en profiter