Publié dans le magazine Books n° 41, mars 2013. Par Kôta Ishii.
Qu’a-t-on vraiment su des victimes du tsunami de 2011 au Japon ? De ces paisibles pêcheurs qui ont regardé, impuissants, leurs proches se faire engloutir par la vague ? De cette femme réfugiée sur le toit d’une maison, inexorablement emportée vers le large au soir du drame ?
Immédiatement après la catastrophe, les premiers à se rendre sur les lieux sinistrés pour recueillir les cadavres furent les pompiers volontaires.
En plus de leurs occupations professionnelles, ces hommes veillent à protéger leur quartier des sinistres. Ils perçoivent pour cela des indemnités et sont soumis à un entraînement régulier. Les casernes dont ils dépendent sont toutes équipées d’un fourgon d’incendie et fonctionnent de façon autonome. Chaque commune a la sienne. Lorsqu’un sinistre se déclare, les hommes se rendent aussitôt sur le site et s’efforcent de prévenir les dégâts, luttent contre les flammes ou se chargent de fermer les écluses maritimes, à l’entrée du port. Dans les petites villes de la région du To-hoku, prendre part à ces opérations montre que l’on assume ses responsabilités en tant que citoyen. C’est aussi une façon de nouer des relations plus intimes, presque familiales, avec les habitants de son quartier.
À Kamaishi [une petite ville située au nord-est de l’île d’Honshu, NdlR], huit équipes de pompiers volontaires se partageaient la surveillance de la commune en plusieurs secteurs. L’équipe...