Publié dans le magazine Books n° 47, octobre 2013. Par Olivier Postel-Vinay.
La question de savoir si ces singes possèdent un sens moral et une idée de la mort reste débattue. Ce qui est sûr, c’est que les pratiques culturelles diffèrent d’une troupe à l’autre et se transmettent au fil des générations.
Dans la hiérarchie des espèces à protéger, il faudrait mettre tout en haut les abeilles et les chimpanzés. Les abeilles parce qu’elles sont probablement indispensables à notre survie, les chimpanzés parce qu’ils sont, plus que tout animal (et plus que maint philosophe), capables de nous faire comprendre qui nous sommes. Or les troupes de ces grands singes vivant dans leur milieu naturel sont de plus en plus menacées, au point que l’on peut douter de leur survie à long terme.
Books a déjà évoqué à plusieurs reprises un thème cher au primatologue Frans de Waal : comme leurs cousins les bonobos, les chimpanzés manifestent les rudiments d’un sens moral (lire «
Les gènes du bien et du mal »,
Books, mai-juin 2010).
De Waal développe à nouveau ce thème dans son dernier livre, non encore disponible en français (1). En laboratoire, on voit des individus refuser de s’accorder de la nourriture tant que les autres n’en ont pas reçu aussi. S’il ne s’agit...