Les mots bleus de Joan Didion

Tout semblait pour le mieux quand nous avions égoutté l’eau des fleurs sur l’herbe devant St. John the Divine le 26 juillet 2003. Auriez-vous pu remarquer, si vous aviez aperçu le cortège nuptial, à quel point la mère de la mariée n’était pas prête à accepter ce qui allait arriver avant même que l’année 2003 ne soit écoulée ?

Le 26 juillet 2010. Elle fêterait aujourd’hui son anniversaire de mariage. Il y a sept ans, jour pour jour, nous sortions de leurs boîtes les colliers de fleurs et déversions l’eau dans laquelle le fleuriste les avait livrés sur la pelouse devant la cathédrale St. John the Divine, sur Amsterdam Avenue. Le paon blanc faisait la roue. Les orgues résonnaient. L’épaisse natte qui lui tombait dans le dos était piquetée de fleurs de stéphanotis. Elle s’était recouvert la tête d’un voile de tulle et les stéphanotis s’étaient décrochés. On apercevait, à travers le tissu, la fleur de frangipanier qu’elle s’était fait tatouer juste sous l’épaule. « Allons-y », avait-elle murmuré. Les petites filles en robe diaphane, guirlandes de fleurs autour du cou, avaient remonté la travée en sautillant et l’avaient escortée jusqu’à l’autel. Une fois tous les mots prononcés, les petites filles avaient franchi avec elle les portes de la cathédrale et, passant devant les paons (les deux paons d’un bleu-vert scintillant et l’unique paon blanc), l’avaient suivie jusqu’au presbytère. Il y avait...
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Le Bleu de la nuit, Grasset

ARTICLE ISSU DU N°39

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