Les doutes de Michel Houellebecq
Publié dans le magazine Books n° 17, novembre 2010.
Dans un entretien accordé à la Paris Review, le romancier révèle une personnalité complexe et tourmentée. Et un curieux rapport au doute et à la conviction.
Peu avant la publication de La Carte et le territoire, Michel Houellebecq a consacré deux jours à se confier à la correspondante parisienne de la très new-yorkaise Paris Review. Il fumait sa cigarette électrique, crachait de la vapeur et accueillait chaque question de la journaliste avec un silence « sépulcral », fermant les yeux, si bien qu’elle le crut plus d’une fois endormi. Rapportée sur l’équivalent d’une vingtaine de pages, la conversation est décousue, les réponses souvent lapidaires. Parfois ce sont cependant de vraies réponses et l’entretien donne à la longue le sentiment inattendu de nouer une relation directe avec l’écrivain, de rentrer dans les volutes de son cerveau.
S’il fallait trouver un fil conducteur, ce pourrait être son rapport à la vérité. « Il est étrange que je sois considéré comme un idéologue, dit-il. Il me semble que, pour l’essentiel, j’expose mes doutes » (la conversation eut lieu en français, mais l’entretien est publié en anglais, si bien que ses mots d’origine sont sans doute différents). Quels doutes ? « J’ai 50 ans...