L’énigme du climat arctique
Publié le 8 février 2019. Par La rédaction de Books.
Arctic / The Jokers
Dans Arctic, de Joe Penna, le personnage incarné par Mads Mikkelsen organise sa survie dans les montagnes polaires après le crash de son avion. On se figure souvent l’Arctique comme une immensité de glace et de neige baignée de soleil et parfois battue par les vents mais les processus climatiques à l’œuvre sont extrêmement complexes.
Le géographe américain Mark Serreze, qui dirige le Centre national de données sur la neige et la glace à l’université du Colorado, les étudie depuis le début de sa carrière, en 1983. Dans Brave New Arctic, il rappelle que, depuis 1980, les modèles climatiques prédisaient que l’augmentation de la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère conduirait l’Arctique à se réchauffer deux fois plus vite que les zones situées dans des latitudes plus basses. Mais jusque dans les années 2000, de nombreux spécialistes, dont Serreze, n’y croyaient pas.
Ils ne trouvaient pas de preuves concluantes allant dans ce sens. En 1990, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) soutenait ainsi que les variations naturelles du climat dans ces régions pouvaient expliquer la fonte des glaces. Le climat de l’Arctique est en effet extrêmement fluctuant et complexe. Il est à la fois soumis à des variations annuelles, mais aussi à des cycles décadaires, avec des phénomènes tels que l’oscillation nord-atlantique, qui induit des changements de pression atmosphériques.
Au début des années 2000, l’accumulation de données et les observations permises par les avancées technologiques ont fini par convaincre Serreze et ses collègues que le réchauffement climatique était en cause. Et depuis, l’évolution de l’Arctique ne cesse de les surprendre.
En 2012, la fonte des glaces arctiques a été telle que les eaux sont arrivées tout près du pôle Nord. Depuis 2015, la température de l’air dans la région est régulièrement positive en hiver. Le système climatique de l’Arctique est entré en territoire inconnu, assure Serreze. Les prévisions générées par ordinateur ne sont plus fiables.
À lire aussi dans Books : Voyage vers l’enfer de glace, juillet-août 2016.