Le nombril, porte de l’âme

Les pressions psychologiques ne produisirent aucun effet, et il ne me venait pas à l’esprit de lire autre chose que des comptes rendus de matchs. En signe de protestation, je m’intéressais même à ceux concernant les divisions deux, trois, voire quatre… Mon père en était à présent convaincu : on ne ferait pas de moi un intellectuel.

Les Années de l’âne, de Branko Copic, m’arriva de Belgrade par courrier. La lettre tombée du colis portait le cachet de la poste centrale de Sarajevo avec l’adresse : Aleksa Kalem, 22 rue Jabucica Avdo. C’était le premier paquet que je recevais à mon nom. Au dos de sa carte de visite, Ana Kalem, directrice de l’institut des Relations internationales du travail, avait écrit : À mon cher Aleksa, pour ses dix ans. Joyeux anniversaire ! Tante Ana. Ce cadeau ne me fit pas plaisir. Je partis à l’école plein d’appréhension matinale. Quand la cloche sonna la grande récréation, je pris possession le premier des W.-C. des grands – on les appelait ainsi parce qu’on y fumait. La LD filtre était la cigarette des écoles car elle s’achetait à l’unité. Une seule faisait dix élèves de 3 C. — Pas comme ça ! reprocha Coro à Crni. Faut inhaler longuement la fumée, pour qu’elle arrive jusqu’à ton petit orteil. Il paraissait expliquer comment fumer mais, en fait, il en profitait pour tirer des bouffées plus souvent qu’à son tour. — J’ai un sacré problème…, avouai­-je subitement. Qu’...
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Étranger dans le mariage de Le nombril, porte de l’âme, JC Lattès

ARTICLE ISSU DU N°57

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