Le jeu fait l’homme
Publié le 17 juin 2015. Par Melvin Konner.
L’Université de Cambridge recrute un professeur de Lego. L’heureux élu prendra la tête d’un futur Centre de recherches sur le jeu dans l’éducation, le développement et l’apprentissage, qui sera financé par la célèbre marque.
Le jeu a un rôle essentiel dans l’évolution humaine, explique l’anthropologue et neurobiologiste Melvin Konner, qui a travaillé pendant trente ans sur le sujet. Tous les mammifères jouent, mais aucun ne le fait de manière aussi complexe que l’homme. Cette spécificité tient selon Konner à la durée très longue de l’enfance humaine. Le chimpanzé, notre plus proche parent vivant, saute directement du sevrage à la puberté, vers l’âge de 5 ou 6 ans. Le petit d’homme, après avoir enclenché la dynamique du jeu avec le babillage et les regards destinés à capter l’attention de ses parents, s’en sert pour acquérir la culture de son groupe.
La longue période de calme hormonal qui précède la puberté est le fruit de la sélection naturelle, précise Konner dans The Evolution of Childhood. Les petits dont l’enfance durait le plus longtemps devaient à l’origine avoir un avantage par rapport aux autres. Et quel avantage ! Le jeu est utile sur de nombreux plans : il sert à contrôler ses émotions ; à tester ses limites et à se mesurer aux autres ; à acquérir des compétences spatiales, ainsi que des compétences valorisées par la culture ambiante, qui serviront ensuite à attirer un partenaire sexuel.
En jouant, que ce soit avec des Lego ou non, un enfant peaufine donc le fonctionnement de son cerveau. Et prépare son avenir.
En savoir plus : Eloge du singe qui joue, Books, été 2014.