Publié dans le magazine Books n° 61, janvier 2015. Par Tim Martin.
Et si nos ancêtres n’étaient pas les sauvages hirsutes décrits par César ? Un ouvrage décapant fait l’hypothèse d’un peuple tellement en avance sur son temps que le conquérant romain n’y aurait rien compris. Un savoir unique aurait été ainsi irrémédiablement perdu.
« Important si c’est vrai » était la phrase que l’historien et écrivain du XIXe siècle Alexander Kinglake aurait voulu voir gravée au-dessus du portail des églises. Elle s’impose à l’esprit lorsqu’on lit le dernier livre de Graham Robb, un biographe et historien de renom. Cet ouvrage, si tout ce qui s’y trouve se révèle exact, va dynamiter des conceptions vieilles de deux millénaires sur l’Europe de l’âge du fer, et nous obliger à reculer plusieurs découvertes scientifiques majeures de quelques siècles.
« Quiconque écrit sur les druides et sur des paysages mystérieusement coordonnés, ou prétend avoir localisé les intersections des trajectoires solaires de la Terre du Milieu dans un champ, une rue, une gare ou une carrière de ciment, doit s’attendre à être frappé d’une certaine suspicion », remarque l’auteur, pince-sans-rire. Sceptique, confrontant avec rigueur ses thèses aux données de terrain, il présente dans son essai des conclusions extraordinaires de façon profondément convaincante et sans se laisser aller à aucune facilité. Ce qui émerge de ces pages élégantes n’est rien de moins qu’un miracle du monde antique :...