Le double langage des religions
Publié dans le magazine Books n° 39, janvier 2013.
Dans un ouvrage érudit, l’égyptologue Jan Assmann explore l’opposition ancestrale entre religion populaire et religion ésotérique.
« Pourquoi Mozart et son librettiste Schikaneder ont-ils camouflé le message des Lumières dans le culte mystérieux mis en scène dans La Flûte enchantée ? À la fin de l’opéra, les “rayons du soleil” sont censés triompher des ténèbres. Mais avant de parvenir à cette illumination finale, il a fallu sortir d’un labyrinthe de symboles et traverser une série de rituels ésotériques, qui n’ont cessé de donner du fil à retordre aux interprètes. Pourquoi donc la lumière a-t-elle besoin de tant de ténèbres ? Pourquoi la vérité est-elle obligée de se parer des atours de la fable ? » s’interroge Steffen Martus dans le Süddeutsche Zeitung. L’égyptologue Jan Assmann avait répondu à ces questions dans un essai paru en 2005 outre-Rhin en recourant au concept de « religion double » (1). C’est ce même concept qu’il a décidé...