Publié dans le magazine Books n° 54, mai 2014. Par Thomas Edsall.
Traduit aux États-Unis, le dernier livre de Thomas Piketty met les économistes en émoi. Il y a de quoi : à ses yeux, les années 1914-1973 ont marqué une simple pause dans la tendance inexorable du capitalisme à creuser les inégalités.
Le nouveau livre de Thomas Piketty, que le site d’information français
Mediapart a décrit comme un « bulldozer théorique et politique », défie la pensée orthodoxe à gauche comme à droite en voyant dans l’exacerbation des inégalités l’inévitable issue d’un capitalisme livré à lui-même.
Mais Piketty, professeur à l’École d’économie de Paris, ne s’en tient pas là. Il affirme que la dynamique inhérente au système est porteuse de forces puissantes, qui menacent les sociétés démocratiques. Le capitalisme, explique-t-il, met aussi bien les pays riches que les pays émergents face à une difficulté : les entrepreneurs ont de plus en plus d’empire sur ceux qui ne possèdent que leur travail. Aux yeux de l’auteur, si les économies émergentes peuvent réussir, sur le court terme, à vaincre cette logique, à long terme, « quand ceux qui fixent les rémunérations sont en situation de fixer leur propre salaire, il n’y a pas de limite », sauf à instaurer un « impôt confiscatoire ».
L’ouvrage de Piketty, paru en France à l’automne dernier et qui vient de sortir en anglais, laisse entendre que les politiques traditionnelles de...