Le bonheur est dans le cambouis
Publié dans le magazine Books n° 12, mars-avril 2010.
Un mécanicien-philosophe plaide pour le travail manuel. Au risque du machisme.
Le requiem est célèbre : le travail manuel, dans les pays développés, est condamné par l’histoire. Sur fond de massification de l’enseignement supérieur, d’essor de l’économie numérique et de recul de la production industrielle, bon nombre d’économistes annoncent l’avènement d’une « économie de la connaissance » où le savoir-faire intellectuel serait le seul vraiment précieux.
Vraiment ? Dans un livre au vitriol, l’Américain Matthew B. Crawford s’insurge. À ses yeux, le travail abstrait n’est pas la planche de salut promise par les idéologues de la « valeur savoir » mais le vecteur d’une forme nouvelle d’aliénation. Rivé à son ordinateur, le salarié moyen exécute docilement des tâches impersonnelles et répétitives dont le sens lui échappe et qui insultent sa créativité. Car, comme le rapporte Kelefah Sanneh dans le New Yorker, un « ensemble de préjugés culturels détournent de nombreux artisans potentiels vers l’université, puis vers des emplois de bureau abrutissants, qui leur procurent moins de satisfaction et de sécurité qu’un travail manuel qualifié ». Crawford tire cette philosophie du travail de sa propre trajectoire :...
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