L’amour allemand d’Arletty

En décembre 1940, dans la France occupée, Arletty s’éprend d’un obscur officier de la Wehrmacht, Hans Jürgen Soehring. Elle a 42 ans, lui 32. Cette liaison avec un ennemi lui vaudra d’être internée au camp de Drancy à la Libération. Klaus Harpprecht replace cet « amour en temps de guerre » dans le contexte des relations franco-allemandes. À l’en croire, Arletty fut à l’image de bien des Françaises…

En décembre 1940, dans la France occupée, Arletty s’éprend d’un obscur officier de la Wehrmacht, Hans Jürgen Soehring. Elle a 42 ans, lui 32. Cette liaison avec un ennemi lui vaudra d’être internée au camp de Drancy à la Libération. Klaus Harpprecht replace cet « amour en temps de guerre » dans le contexte des relations franco-allemandes. À l’en croire, Arletty fut à l’image de bien des Françaises pour qui, paradoxalement, les années d’Occupation furent des années émancipatrices : « Les hommes, d’abord absents, furent portés disparus ou revinrent mutilés », note le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Bien des femmes se jetèrent dans les bras de l’occupant : on estime qu’entre 75 000 et 200 000 enfants naquirent d’un père allemand. Harpprecht propose une interprétation étonnante du phénomène : d’après lui, il aurait préparé la politique de réconciliation entre les deux pays…

Il nous fait aussi découvrir la figure méconnue de Soehring. Né à Istanbul, il se destine à une carrière diplomatique, voyage beaucoup et accompagne en Espagne la « légion Condor » de sinistre mémoire. En tout, sa liaison avec Arletty aura peu duré. « Elle se termine brutalement fin 1942, rapporte le Süddeutsche Zeitung, lorsque Soehring est envoyé sur le front. Quand il retourne à Paris, en 1949, tout a changé. Il n’est plus le radieux officier qui pouvait l’emmener au restaurant mais un écrivain démuni qui n’ose plus trop se montrer en public… » Ambassadeur dans la République démocratique du Congo, il meurt noyé lors d’une excursion, en 1960.

LE LIVRE
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Arletty et son officier allemand, Fischer

ARTICLE ISSU DU N°25

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