Nous sommes tous de sales égoïstes. Enfin, presque tous. Ou pas tout le temps. Les plus égoïstes d’entre nous se montrent parfois capables de bouffées d’altruisme. Et si cette attitude paraît en recul dans certaines sociétés, donc sujette aux variations culturelles, elle est toujours là, prête à se manifester. Un livre récent décrit ainsi ces « communautés extraordinaires qui se forment lors d’un désastre (1) ». Pour parodier la formule ironique de Descartes, il se pourrait que l’altruisme soit la chose du monde la mieux partagée (comme pour le bon sens, c’est affaire de statistique). Ce trait culturel aurait-il une base génétique ? En aucun cas, diront ceux dont le poil se hérisse devant l’idée d’une nature humaine enracinée, ne serait-ce qu’en partie, dans l’histoire de nos gènes. L’altruisme n’est-il pas une éminente manifestation de notre dignité, qui nous distingue de l’animal ? Pourtant, un trait universel présenté comme culturel, c’est toujours un peu troublant. Comment expliquer que, chez les jeunes enfants, les gestes altruistes apparaissent avant même la faculté de parler ? Si...