L’addiction au numérique, épidémie mondiale
Dans Irresistible, Adam Alter n’a pas peur d’utiliser le terme « addiction » pour désigner notre usage contemporain des nouvelles technologies. Ce professeur de marketing et psychologie à l’université de New York assure que la vaste majorité des comportements addictifs ne concerne plus l’usage de drogues ou d’alcool, mais celui d’Internet. Il souligne que l’addiction à une substance est similaire à l’addiction à un comportement : la même région du cerveau est activée lorsqu’un toxicomane prend sa dose d’héroïne ou qu’un utilisateur de Facebook comptabilise les « like » de sa publication.
Et selon l’auteur, notre dépendance est savamment orchestrée : « il y a des milliers de personnes de l’autre côté de l’écran dont le travail est de briser notre capacité d’auto-régulation ». Le fil d’actualité de notre compte Facebook est infini ; lorsque nous terminons de regarder un épisode de série sur Netflix, le prochain se lance automatiquement ; les jeux de nos smartphones proposent d’abord des objectifs faciles à atteindre, puis il faut y passer de plus en plus de temps pour accéder au niveau supérieur.
Ce qui alarme Alter, c’est que cette conspiration nuit à l’innovation : « Les entreprises abandonnent la création de technologies qui encouragent le progrès de l’être humain, comme la calculatrice ou le vélo, pour des technologies destinées à séduire les gens pour qu’ils y consacrent beaucoup de temps et d’attention », commente Tim Wu dans The Washington Post.
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