La vraie cause de la Terreur

La Terreur fut-elle rendue nécessaire par la menace aux frontières ? Ou faut-il y voir un sous-produit inévitable de la Révolution ? Ces deux interprétations minorent un élément fondamental : le simple effet de la peur.

Rappelez-vous ce dessin de Gary Larson où l’on voit une famille qui regarde dans le vide. Le titre précise que la scène se passe à une époque reculée, « avant la télévision ». Nous pourrions donc aussi imaginer des millions de Français du XVIIIe siècle scrutant le vide, avec cette légende : « Avant 1789 ». Mais que faisait-on en France avant la Révolution ? Avant qu’un sang impur n’abreuve les sillons, que les tyrans ne tremblent, que les bataillons ne se forment et qu’il n’y ait de hauts faits à graver sur les tombes. Y a-t-il vraiment une histoire qui mérite d’être relatée avant l’événement qui poussa Rouget de Lisle à composer son remarquable (et remarquablement sanglant et brutal) hymne national ? Bien entendu : il y a des tas de choses à raconter. Néanmoins, une certaine conception de l’histoire, sinon l’histoire elle-même, commence avec la Révolution française. En un jaillissement prophétique de ce feu d’artifice verbal dont il est coutumier, George Steiner déclare que les dates révolutionnaires comme 1789 sont bien plus que des « points dans le temps ». Elles représentent des « ouragans...
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L’avènement de la Terreur dans la Révolution française de Timothy Tackett, Harvard University Press, 2015

ARTICLE ISSU DU N°66

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