La traqueuse de souvenirs
Publié dans le magazine Books n° 123, janvier-février. Par Ekaterina Dvinina.
Dans un roman aux allures de labyrinthe, Maria Stepanova livre une chronique de l’histoire de sa famille tout en développant une réflexion foisonnante sur la mémoire.
La parution en Russie, en 2017, d’En mémoire de la mémoire de Maria Stepanova, poètesse, essayiste, traductrice et rédactrice en chef du portail culturel Colta, fut un événement. Les critiques saluèrent « l’un des textes les plus importants écrits en langue russe ces dernières années ». Le livre a décroché deux des principaux prix littéraires du pays et il a été réimprimé plusieurs fois. Traduit (ou sur le point de l’être) en 28 langues, il est sorti en français en septembre dernier. Interviewée par le magazine Aficha, Stepanova, plus accoutumée à des tirages d’un millier d’exemplaires, s’est étonnée du succès retentissant d’un livre pourtant « intransigeant » : « Au départ, il n’était d’ailleurs destiné à aucun lecteur […]. J’avais en tête d’élaborer une sorte de vaste système d’archivage […], où un certain nombre d’objets qui m’étaient chers pourraient être entreposés. »
De fait, la composition de ce roman expérimental...