La forêt réenchantée

Les arbres sentent, souffrent, communiquent. Un forestier allemand nous plonge dans leur monde fascinant.


© Pierre Gleizes / Rea

La rivalité entre essences d’arbres est une réalité. Sous nos latitudes (ici une forêt dans la Loire), le grand gagnant est incontestablement le hêtre, qui réussit à capter 97 % de la lumière.

C’est l’une des plus belles scènes de Tête d’Or, de Paul Claudel. Simon Agnel, le héros de cette pièce de jeunesse, excessive et géniale, s’adresse à un arbre. Il n’est encore qu’un vagabond, mais bientôt il usurpera un trône et partira à la conquête du monde. Sa méta­morphose a lieu précisément au pied de celui qu’il appelle son « père immobile ». Agnel veut obtenir de lui le « mot » qui le révélera à lui-même. Il y parvient à l’issue d’une prodigieuse assimilation avec le grand arbre qui lui fait face, cet être à la fois éminemment terrestre et cosmique, cet « effort continuel », ce « tirement assidu […] hors de la matière inanimée », comme il le décrit : « La terre inépuisable dans l’étreinte de toutes les racines de ton être/ Et le ciel infini avec le soleil, avec les astres dans le mouvement de l’Année/ Où tu t’attaches avec cette bouche, faite de tous tes bras, avec le bouquet de ton corps, le saisissant de tout cela en toi qui respire/ La terre et le ciel...
LE LIVRE
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La Vie secrète des arbres. Ce qu’ils ressentent, comment ils communiquent de Peter Wohlleben, Les Arènes, 2017

ARTICLE ISSU DU N°83

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